Aujourd’hui, les grandes entreprises et administrations publiques hésitent entre continuer à utiliser des logiciels propriétaires ou basculer vers les Logiciels Libres. Pourtant, la plupart des logiciels libres sont capables de bien traiter les données issues des logiciels propriétaire, et parfois avec une meilleur compatibilité.
C’est alors la barrière de la prise en main qui fait peur, et pourtant...
Les logiciels libres
L’aspect « Logiciel Libre » permet une évolution rapide et une plus grande participation des utilisateurs. Les aides et tutoriels foisonnent sur Internet ou sont directement inclus dans le logiciel lui-même.
Enfin, les concepteurs sont plus proches des utilisateurs, ce qui rend les logiciels libres plus agréable à utiliser et conviviaux.
Grâce à la disponibilité des logiciels libres, vous trouverez facilement des services de support techniques et la licence n’est plus un frein à l’utilisation de ces logiciels par votre personnel.
Notre support technique concerne essentiellement les logiciels libres, que ce soit sous forme de services ponctuels ou de tutoriels.
- Décembre 2022 -
Après les 4 articles précédents posant les bases de ce que devrait être le
respect du RGPD, une analyse plus personnelle du problème pour répondre à la
question du « mais pourquoi le RGPD est si peu respecté ».
De la société « moderne »
On ne va pas se cacher, le problème n°1 du respect du RGPD est… notre société
« moderne » et le capitalisme de manière plus générale.
Toujours faire plus de fric en le minimum de temps, c’est assez peu compatible
by design avec s’occuper de ses utilisateurs et devoir investir sur des
fonctionnalités qui ne rapportent rien.
Vous pouvez le constater vous-même tous les jours, tout est fait pour faire en
sorte d’avoir de plus en plus de clients, même si c’est au détriment de ceux
déjà présents sur votre plate-forme.
Rappelons aussi, comme je l’avais déjà dit dans un article de 2017, que ne pas respecter le RGPD est un avantage concurrentiel.
Vous êtes moins cher, plus efficace, vous livrez plus rapidement…
Les condamnations commencent d’ailleurs à tomber
en France pour concurrence déloyale quand vous ne respectez pas le RGPD alors
que votre concurrent si.
La tendance au cloud est aussi très lourde, avec le désintérêt quasiment total
pour des choses qui pourtant devrait constituer le cœur de votre métier.
Les gens sont habitués à tout avoir en 2 clics et à ne pas vouloir s’occuper des
détails en particulier techniques.
Il est tellement plus simple de tout planter dans Mailchimp pour envoyer une
newsletter du spam que de devoir se galérer à maintenir la réputation de ses
IP ou de devoir réimplémenter un suivi d’ouverture des emails pour que votre
marketing puisse se toucher la nouille devant ses statistiques (pour rappel
toujours, c’est parfaitement illégal, autant utiliser Mailchimp
que suivre l’ouverture des emails).
J’aurais encore pu comprendre le manque d’entrain de la part des entreprises si
le RGPD avait été un vrai breaking change législatif et où elles se seraient du
coup retrouvées le bec dans l’eau et tout à refaire from scratch.
Comme démontré au premier chapitre,
il n’en est strictement rien et l’existence même des services de la plupart des
entreprises sont illicites depuis 1978, en tout cas en France.
ePrivacy
est bloqué certainement pour les mêmes raisons, le DSA
et le DMA
risquent de prendre le même chemin de difficulté de mise en œuvre.
Le RGPD ne contient ni plus ni moins que ce que le traitement de données aurait
toujours dû être, et en particulier dans le contexte de l’informatique.
Ce texte transpire l’obligation d’auto-hébergement, à tout le moins le recours
extrêmement ponctuel à la sous-traitance.
Le (I|P|S)aaS ne permet en effet pas de réellement contrôler ce que votre
entreprise traite en réalité. Vous déléguez quelque chose à une entité
complètement autonome suivant ses propres objectifs certainement contraire aux
vôtres.
Vous devriez bien vous douter pourtant, alors que vous-même avez du mal à être
transparent envers vos utilisateurs ou clients et procédez à des traitements
que vous espérez tenir secrets (généralement à but marketing ou business), que
vos prestataires en font exactement de même avec vous et outrepassent en réalité
de beaucoup les clauses du contrat que vous avez pourtant signé sans même les
lire…
Ce qui est actuellement étudié pour Microsoft avec Office 365
devrait aussi vous faire allumer plein de petits red flags sur vos propres
usages…
Et du coup ça suppose une refonte très profonde du système, la remise en cause
des modèles commerciaux et un changement drastique de paradigmes. Ainsi que
certainement la fin de pas mal de bullshit job. Le « growth », le
marketing ou la gestion par les KPI ont-ils encore légalement un sens à l’aune
du RGPD ? Peut-on encore légalement parler de big data ?
L’essence même de ce qu’est le RGPD : des services simples, à taille humaine,
facilement compréhensibles par un gamin de 10 ans (vous ai-je dit que c’était
une obligation légale via l’article 12(1) ?),
sans arrière-pensée ni mensonge même par omission, sans CGU de 40 pages
nécessitant 2 doctorats pour en comprendre les tenants et les aboutissants.
En bref un monde complètement différent de tout ce qu’on peut connaître
actuellement. Et pas grand monde qui souhaite réellement y aller, que ça soit
côté entreprise (pas de mise en conformité) ni côté utilisateur (petit confort
personnel et gros manque de connaissance/compétence en juridique et conformité).
De l’inaction de la CNIL
Certainement le paragraphe qui me fait le plus mal à écrire…
Les APD (autorités de protection des données) sont supposées être là pour
s’assurer de la bonne mise en œuvre du RGPD partout en Europe. En pratique, même
de ce côté-là, le boulot est globalement mal fait et tend à protéger plus les
intérêts des entreprises que ceux des utilisateurs.
La CNIL irlandaise a par exemple été épinglée
pour fermer les yeux sur les exactions des GAFAM.
Côté français, la CNIL est malheureusement aux abonnés absents…
J’ai personnellement fait une quarantaine de signalement de violation RGPD en
4 ans, et la quasi-totalité reste sans réponse et sans action.
La CNIL joue aussi beaucoup avec le feu, se réfugiant derrière des obligations
de recourir d’abord à l’article 15 pour pouvoir étudier un signalement (c’est
illicite), puis derrière
l’absence de lignes directrices de sa part (alors qu’elles existent déjà au
niveau WP29/EDPB, et qu’elles ne sont certainement pas obligatoires pour
poursuivre une non-conformité), et que même à la fin quand elle en publie enfin,
les non-conformités dorénavant flagrantes ne sont toujours pas sanctionnées.
À titre d’exemple la plupart des cas que j’ai remonté commencent par la réception
d’un spam de démarchage qui est en violation totale
des lignes directrices de la CNIL elle-même
qui impose du consentement strict dans le cas du B2C. Il n’y a jamais eu à ma
connaissance de rappel à l’ordre ou sanction de la part de la CNIL en 4 ans
alors que vous conviendrez avec moi que votre boîte de réception croule
littéralement sous le spam illicite.
Dans tous mes dossiers, cette non-conformité est même plutôt accessoire et me
permet uniquement de commencer à dérouler la pelote de laine.
Recevoir un email de Bouygues Télécom sur une adresse email dédiée à CDiscount
pour laquelle on s’est explicitement opposé à la revente des données, c’est très
drôle.
Découvrir ensuite que CDiscount se réfugie derrière le secret des affaires pour
refuser de me communiquer les tiers à qui ils ont vendu mes données, en
violation de l’article 12, 13 et 15 du RGPD, c’est très fun aussi.
Avoir des contacts à CDiscount qui m’informent que la direction là-bas est
parfaitement informée qu’elle revend illégalement l’intégralité de sa base
client en toute connaissance de cause, tu te dis que la CNIL va réagir un peu.
4 ans après ? Que. Dalle.
Constater que Darty met des liens traçants dans sa communication « on est
conforme RGPD » (ce n’est pas une blague… 😑). Faire une demande d’accès
article 15. S’entendre dire que l’entreprise est en congés d’été donc que les
1 mois de délai légal, ça ne va pas être possible (rappel : c’est illicite). Réclamer ensuite des moyens de preuve
d’identité dont la CNIL elle-même a déclaré que ce n’était pas légal.
Découvrir dans la réponse (incomplète) que Darty conserve des données d’achat
ou de support pendant plus de 10 ans en violation de tous les articles du RGPD
sur la durée de rétention des données personnelles. Réaction de la CNIL en 4
ans ? Nada.
La CNIL ne semble agir que quand elle reçoit suffisamment de plaintes pour une
entreprise donnée et non pour une mauvaise pratique du marché dans son ensemble.
La dernière sanction à l’encontre d’EDF
n’a par exemple eu lieu que parce que trop de monde a signalé les pratiques
déloyales de cette entreprise, alors même que le comportement constaté se
retrouve dans quasiment toutes les entreprises (rachat de liste de prospection
sans vérification du consentement à la collecte, à la vente et à la réutilisation).
Il y a fort à parier que la jurisprudence EDF mettra des mois voire des années
avant qu’une autre sanction du même genre soit rendue, alors même que l’ensemble
du marché de la prospection devrait subir un coup d’arrêt immédiat au vu des
motifs de cette sanction.
Autre exemple, les graves manquements constatés pour l’exécution correcte d’une
demande d’accès au titre de l’article 15 ne sont jamais sanctionnés parce qu’à
chaque fois, c’est la même personne qui aligne 20 entreprises plutôt que 20
personnes la même entreprise.
Quand des personnes remontent des problèmes de Google Analytics, malgré une
interdiction explicite et totale en juillet 2020 de la part de la CJUE via
l’arrêt Schrems II,
il aura fallu encore attendre 2 ans pour que la CNIL… envoie 40 courriers aux
entreprises concernées… 😑
Pour ma part il aura fallu aussi attendre 4 ans sur des dossiers qui me
semblent pourtant assez critiques
pour que la CNIL sorte aussi sa plus belle plume pour écrire au DPO que ce
n’était vraiment pas bien ce qu’il faisait.
La CNIL ne tient pas non plus informée les plaignants de l’avancement du dossier.
En 4 ans, j’ai eu plus ou moins aucun retour sur les dossiers, ni même été
informé du moindre classement vertical. C’est pourtant une obligation du RGPD
de par l’article 78(2)
qui impose une notification tous les 3 mois minimum. Oui oui, notre APD nationale
viole le RGPD.
Toujours en violation du RGPD, la CNIL elle-même n’est pas capable de
tenir les délais de réponse
à une demande d’accès au titre de l’article 15 et se réfugie derrière les mêmes
argumentaires que les entreprises non conformes, le tout en échappant au couperet
de la limite légale sur le fil, un jeudi à 20h25, veille d’un vendredi férié et
alors que la date limite tombait le dimanche.
Ce manque d’action de la part de la CNIL est d’autant plus frustant qu’une APD
comme AEPD en Espagne est capable d’aligner 4 à 6
condamnations par jour avec un budget et des effectifs 20% inférieurs à la CNIL.
Là-bas, les manquements au RGPD ne restent pas longtemps impunis et des choses
pourtant aussi futiles qu’envoyer un mail sans mettre les destinataires en copie
cachée se solde par 2 500€
d’amende. Non, pardon, 10 000€.
Il n’existe actuellement aucun moyen réel de faire réellement appliquer le RGPD
en France et la CNIL est tout aussi responsable que les entreprises malveillantes
dans cet état de fait.
Les entreprises s’engouffrent du coup dans le vide des sanctions, la conformité
leur coûtant en pratique beaucoup plus que l’éventuelle sanction théorique de
20 millions d’euros (en pratique souvent plutôt 10-100.000€) qu’une APD peut
leur infliger.
Et il n’existe aucune voie de recours pour faire respecter ses droits pour une
personne concernée. EDPB ne peut poursuivre une APD et renvoie vers le Défenseur
des Droits en France. Défenseur qui botte en touche en ne pouvant pas poursuivre
la CNIL en vertu de l’indépendance des autorités administratives. Le Conseil
d’État ne peut être saisi que pour des décisions déjà rendues de la CNIL et non
pour une absence de décision (qui a toutes les chances d’être en fait synonyme
d’un classement sans suite). Ce qui est une nouvelle violation de l’article 78
imposant un recours juridictionnel effectif contre les manquements de son APD.
Et au beau milieu de ce joyeux bordel, les personnes concernées sont surtout des
personnes prises pour des cons cernées par les non conformités…
Épisode 1
— Épisode 2
— Épisode 3
— Épisode 4
— Épisode 5
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