Sommaire
Nouveautés communautaires
L’année a été mouvementée pour la société Scil, éditrice originelle de Pastèque, qui a fermé. Après des péripéties, il en sort une situation plus saine pour le logiciel qui se structure autour d’une association et de prestataires professionnels.
L’association Pastèque
Pour reprendre le développement du logiciel, plusieurs utilisateurs ont réaffirmé leur attachement à un outil libre et ont fondé une association. Citons ces humbles héros du quotidien, ceux qui font avancer la confidentielle et obscure cause des logiciels libres d’encaissement : Les mains dans le guidon, Robin des Bios, le Bis2Fly et Héricode.
L’objet de l’association est le suivant :
L’association a pour objet de créer, développer et assurer la promotion de l’informatique libre pour les commerçants. Ceci concerne aussi bien les logiciels libres que l’open hardware, les données ouvertes, la neutralité de l’Internet, le respect de la vie privée et de la confidentialité des données professionnelles, etc.
Concrètement, elle va surtout coordonner le développement de Pastèque et attester le logiciel pour le rendre utilisable en France après le 1er janvier 2018 (conséquence de la loi de finances 2016). C’est un choix fort, par exemple, l’association Dolibarr semble renoncer à émettre des attestations ou à chercher la certification pour laisser ce bazar aux soins des intégrateurs.
L’association se réunit chaque lundi à 19 h au Bis2Fly, 19 rue Nicolas Leblanc à Lille. Ne riez pas trop, on a déjà rencontré un dev’ venu de Marseille pour causer avec nous. On en a vu un autre, mais il venait de Bailleul, à 40 km. C’est moins impressionnant.
Diversité des contributeurs
L’association coordonne, mais elle ne détient pas les droits d’auteurs des contributions. Ça a une heureuse conséquence : le logiciel a de multiples auteurs et sa licence ne pourra pas être modifiée sans l’accord de tous les auteurs… Oh, wait!
Le fait qu’une société ne soit plus centrale devrait permettre de passer à un écosystème plus sain, à la Dolibarr, par rapport à l’ancien écosystème moins sain, à la Odoo (ce troll est cadeau).
Relations avec la communauté Dolibarr
Un gros avantage des discussions autour de la loi de finances 2016, c’est que nous avons rencontré pas mal de développeurs importants de la communauté Dolibarr, au point que nous avons participé au devcamp Dolibarr qui s’est tenu au mois de mars dernier à Orléans.
Ça nous a décidé à abandonner les fioritures de gestions. Pastèque va se concentrer sur son métier. On fait tourner des caisses enregistreuses ? Notre métier est donc d’encaisser et d’enregistrer.
Pour le reste (statistiques, intégration à la comptabilité…), on va s’appuyer sur Dolibarr. On avait bien commencé un début de module pour Odoo il y a quelques années, mais l’humain ça compte beaucoup dans le développement des logiciels libres, non ?
Nouveautés techniques
La version 7 a surtout été la conséquence de grosses fusions Git des projets lancés dans l’année. Aucun n’était vraiment terminé. Nous avons tout examiné et validé uniquement ceux rapides à implémenter.
Bureau
Côté interface, rien de neuf. C’est sous le capot qu’on a touché : lancement plus rapide du logiciel, encaissement plus rapide et récupération des tickets perdus lors d’une perte de connexion Internet. Ça peut paraître peu, mais pour ceux qui utilisent le logiciel au quotidien, c’est énorme.
Android
Par où commencer ? Il y en a tant…
On a une interface de vue des tables en mode restaurant, comme sur le bureau. On a un système de division des tickets simple et efficace, comme sur le bureau. Usage de gson pour se simplifier la vie. Beaucoup de nettoyage de code et de corrections de bogues. Ça va plus vite, ça crashe moins souvent.
La vue en table et la division de ticket rendent pasteque-android enfin utilisable dans les bars et restaurants.
Serveur
On fait évoluer l’interface (usage de bootstrap) avec un premier moteur de modèles maison (en attendant de passer tout ça sur Slim).
On a créé un système d’authentification maison, basé sur JWT. Ça rend pasteque-server plus simple à installer. D’ailleurs, un installateur graphique est en cours de test et devrait sortir à l’occasion d’une version mineure. P’têt qu’un jour il y aura un framaPOS, va savoir…
Nouveaux logiciels de la suite
On a vu naître de nouveaux logiciels : pasteque-tools, une série d’utilitaires pour le développement autour de Pastèque, pasteque-catalog, qui vise à offrir un catalogue intégrable à un site Web, etc.
Le turfu technique
Les obligations légales de la loi de finances 2016 vont imposer une série de modifications techniques, ce sera la version 8. Cette version ne se concentrera que sur les adaptations nécessaires à cette loi de finances. Toute amélioration fonctionnelle ne serait qu’une conséquence de la LF 2016. J’espère qu’on est clair : on va tenter d’être dans les clous.
Nous allons donc scinder pasteque-server en deux logiciels (pasteque-api et pasteque-administration), le gros de la conformité LF 2016 sera évidemment assuré par pasteque-api. On va en recauser plus bas.
Nous allons mettre en place des outils de vérification de non‐modification des sections‐clefs du logiciel. Le but est de faciliter la vie de ceux qui bidouillent leurs logiciels, tant qu’ils ne touchent pas aux sections‐clefs. Ça a déjà été mis en place par eldy pour Dolibarr…
Une fois tout ça validé, on pourra recommencer à rigoler en version 9.
Ça peut paraître con dit comme ça, mais dans tout logiciel, il y a toujours une personne qui arrive avec une idée qui va du totalement bidon au truc indispensable, et qu’il faut gérer. Actuellement, on répond très simplement : toute suggestion de fonctionnalité, ça sera la v9 ; et la v9, c’est pas pour demain. Si t’es pas content, il y a des logiciels privateurs moins biens et plus chers. :)
Petit point loi de finances 2016
On a beaucoup bossé au sein de l’April sur la loi de finances 2016 et les obligations qui en découlent. Un texte devrait prochainement être publié à ce sujet.
C’est un texte vachement bien, rédigé par ceux qui se sont énormément impliqués dans les échanges avec le gouvernement et qui ont décortiqué la loi et ses décrets d’application. Quand il sera publié, lisez‐le. Il contient des passages intéressants, comme l’analyse de la définition d’un éditeur de logiciels : cette notion n’avait jamais été définie avant, alors même qu’elle est déjà présente dans plusieurs textes de loi !
Revenons à nos moutons et à nos obligations.
Côté utilisateur
Vous devez utiliser soit un logiciel certifié (il y a gros logo de certification dessus), soit un logiciel attesté (la personne qui vous a fourni le logiciel vous a également fourni un document attestant que le logiciel est légal). C’est à vous, utilisateur, de vérifier que c’est le cas.
Vous pouvez modifier le logiciel, tant que vous ne touchez pas à certaines sections‐clefs (sécurisation, conservation, inaltérabilité et archivage des données). Si vous touchez à ces sections, vous devrez soit refaire certifier le logiciel, ça coûte un bras, soit trouver quelqu’un pour attester le logiciel à votre place.
Ça peut paraître con, mais c’est une entrave à la liberté de modification…
Côté éditeur
L’éditeur, c’est celui qui sera assez fou pour émettre les attestations de conformité du logiciel. Il doit en émettre une, individualisée, pour chaque utilisateur du logiciel. Pas de flou, ça doit correspondre au modèle décrit dans un bulletin officiel.
Vous pouvez distribuer un logiciel non certifié ou sans distribuer d’attestation. Un commerçant n’aura simplement pas le droit de l’utiliser en France.
L’éditeur qui cependant fait certifier ou atteste de son logiciel devient ainsi co‐responsable de toute fraude rendue possible par son logiciel, que ce soit par des fonctionnalités ou des bogues, ou encore des bogues qui sont des fonctionnalités (Bill Gates 4ever <3).
L’attestation saute si une des sections‐clefs du logiciel est modifiée. Comme c’est compliqué à prouver, petit pro‐tip, indiquez clairement dans les en‐têtes des fichiers concernés qu’il faut faire gaffe. Et puis distribuez un kit permettant de calculer et comparer rapidement les signatures des fichiers ou des binaires ; ça épargnera de la peine à tout le monde.
C’est du boulot, mais le logiciel d’encaissement est une activité réglementée à présent ; this is serious business.