Org-mode est un mode de l’éditeur de texte GNU Emacs utilisé pour la prise de notes, la gestion de tâches, la publication de documents, de blogs, les bibliographies, etc., et même la synchronisation avec un smartphone ! Oui, oui, oui, les possibilités d’utilisation d’org-mode sont nombreuses et diverses. Tout ça en texte brut.
Peut‐on tout faire ? N’essayez pas, sous peine d’échec ! Carsten Dominik, le créateur conscient d’avoir lancé un monstre tentaculaire, résume parfaitement la situation :
« N’essayez pas de configurer l’ultime système de gestion de tâches dès le début. Car vous n’avez aucune idée de ce que ce système devrait être. Ne configurez pas pleins d’états et d’enregistrements dès le début, avant que vous n’ayez vraiment le sentiment que cela correspond à vos besoins. Ne définissez pas un tag « @ordinateur » seulement parce que David Allen en a un, même si vous êtes assis devant un ordinateur toute la journée ! Commencez par créer et gérer une petite liste de tâches et développez ensuite votre propre système au fur et à mesure que le besoin s’en fait sentir. J’ai créé Org-mode pour permettre ce processus de développement. »
Parti d’un constat similaire, Ben Maughan de Pragmatic Emacs a rédigé cinq tutoriels d’introduction à Org-mode sur la prise de notes et leur publication. La suite présente son premier article (traduit en français avec l’accord de l’auteur).
NdM : j’ai profondément revu la traduction initiale de ptitjano pour conserver le style rapide, concis et rythmé de l’auteur.
I. Structurer vos notes
J’ai longtemps repoussé l’écriture d’articles sur org-mode ne sachant pas vraiment par où commencer. Qu’est-ce qu’org-mode ? D’après le site Web :
« Org-mode permet de prendre des notes, de maintenir des listes TODO, de planifier des projets et de publier des documents, le tout en texte brut. »
Org-mode a poussé beaucoup de gens vers Emacs. J’y suis venu dix ans après mes débuts sur Emacs, mais il m’a permis d’évoluer d’un éditeur de texte vers un Emacs à tout faire, m’apportant d’énormes gains de productivité.
Org-mode est très polyvalent et je m’en sers entre autres choses pour :
- prendre des notes ;
- écrire des polys et des diapos de cours en PDF ;
- écrire mes notes de recherche, le code d’analyse, les résultats et les publications finales, tout dans un seul document, afin de pouvoir reproduire la recherche ;
- gérer ma liste de trucs à faire et mes échéances ;
- écrire ce blogue ;
- créer des pages Web ;
- rédiger des courriels.
Le clou du spectacle, c‘est qu’on fait tout ça en texte brut, les docs org-mode sont lisibles par tous les éditeurs de texte !
Il y a beaucoup de tutoriels org-mode un peu partout, tels que :
Je ne veux pas réinventer la roue ici, mais je pense que l’avalanche de trucs faits par org-mode peut écraser les débutants. Dans l’esprit donc de ce blog, j’écrirai une série d’articles pour mettre en avant quelques trucs dont je me sers le plus souvent.
Je vais commencer avec l’utilisation d’org-mode pour organiser des notes. C’est ce qui m’a scotché sur org-mode, et tout le reste en a découlé.
Org-mode est livré avec Emacs, mais vous devriez installer la version la plus récente.
Pour commencer au plus facile, créez un nouveau fichier dans Emacs avec l’extension .org. Ci‐dessous, voici un exemple de document org, et je vous conseille de le taper dans votre fichier org-mode, pour sentir la façon dont ça marche.
* La structure de org-mode
Le texte d’un org est structuré par les titres des parties, dont les
lignes débutent par une ou plusieurs * et nous voilà donc dans une partie !
** Un sous‐titre
commence par une * supplémentaire et ainsi de suite
** Navigation
Les titres de partie peuvent être pliés ou dépliés en allant jusqu’au
(sous‐)titre et en appuyant sur TAB. S-TAB les fait tous défiler. Vous
pouvez sauter au suivant ou au précédent avec C-c C-n et C-c C-p
respectivement.
Vous pouvez déplacer les titres de haut en bas avec les flèches, pour les
réorganiser, en utilisant M-haut et M-bas. Vous pouvez changer le niveau du
titre avec M-gauche et M-droite (utilisez M-S-gauche et M-S-droite pour
changer aussi les niveaux des sous‐titres)
** Listes
*** Listes à puces
- les listes à puces sont créées comme ça (commencez une ligne par des espaces et un -
- tapez M-Entrée pour une nouvelle puce
- nous pourrions vouloir des listes imbriquées
- comme celle‐ci (j’ai tapé M-Entrée Tab pour l’indenter)
- et cette autre (maintenant M-Entrée indente au nouveau niveau)
- c’est chouette qu’Emacs coupe les longues lignes de texte pour les
aligner sur les puces
- vous pouvez réordonner la liste et changer l’indentation avec M-haut
et M-bas comme pour les titres de parties
- on change le style des puces avec S-gauche et S-droite
*** listes numérotées
1) les listes numérotées sont également possibles
2) M-Entrée donne le numéro suivant
*** cases à cocher [/]
- [ ] on peut même faire des cases à cocher
- [ ] M-S-Entrée ouvre la ligne suivante avec une case à cocher
- [ ] C-c C-c coche ou décoche la case
- [ ] vous pouvez avoir des sous‐listes
+ [ ] comme ça
+ [ ] que l’on peut cocher séparément
- [ ] et vous pouvez suivre le nombre de coches en ajoutant [/] au bout de
la ligne précédant la liste — c’est mis à jour quand vous cochez une case vide
*** listes de définition
- les listes de définition :: parfois pratiques
- deuxième élément :: là encore, M-Entrée a créé l’élément et les longues lignes sont coupées proprement sous la définition
Je vous suggère de configurer un peu org-mode maintenant. Ajoutez ceci à votre fichier de configuration d’Emacs :
;; fixe l’indentation maximale d’une liste de définition
(setq org-list-description-max-indent 5)
;; lors de la rétrogradation d’une section, empêche le décalage du texte à l’intérieur
(setq org-adapt-indentation nil)
C’est tout pour l’instant. Essayez de prendre des notes avec org-mode, vous allez bien aimer la structure qu’il vous met sur le texte.
Ben Maughan, Org-mode basics: structuring your notes, le 25 août 2015.