Sommaire
Rotation par rapport à une ligne d’horizon
Un besoin commun est celui de rendre une ligne bien horizontale dans une photographie. Typiquement, vous prenez une photo avec un horizon bien visible et souhaitez vous assurer que cet horizon soit horizontal.
Cela est désormais possible dans GIMP grâce à un bouton dans les options de l’outil de mesure, lequel réaligne la photo par rapport à la ligne en cours.
Pour la petite histoire : cette fonctionnalité a été intégrée suite à la demande répétée de Luk, libriste de toujours, pour lequel j’ai finalement donné un peu de temps. :-)
Chargement asynchrone des polices de caractères
Alors que GIMP sous GNU/Linux se lance aussi vite que l’éclair (ou presque !), il s’agissait en particulier d’un problème pour GIMP sous Windows et macOS : le chargement des polices de caractères par fontconfig rendait le démarrage de GIMP lent comme un escargot asthmatique lors du premier lancement ou lorsque de nouvelles polices étaient installées. Dans les cas les plus extrêmes, on recevait des rapports de plusieurs minutes d’attente pour les personnes installant des centaines de polices (ce qui n’est pas forcément si exceptionnel dans le monde des designers graphiques, une des cibles du logiciel).
Les polices ne bloquent donc plus le chargement du démarrage ! En revanche, on ne peut pas utiliser toute fonction nécessitant des polices (comme l’outil texte) tant que le chargement n’est pas terminé en arrière‐plan.
Étiquetage des polices de caractères
Il est désormais possible d’étiqueter (« taguer ») les polices de caractères, de la même manière que les brosses, motifs et dégradés. Cela fait partie de nos améliorations en cours pour rendre la gestion des ressources plus agréable (même si on a encore beaucoup de boulot !).
Mise à jour du tableau de bord
Le tableau de bord introduit dans GIMP 2.10.0 a connu quelques améliorations, notamment en affichant des données sur la mémoire physique utilisée et disponible.
Amélioration de la prise en charge du format PSD
Même si la prise en charge du format PSD d’Adobe a énormément progressé avec GIMP 2.10.0, GIMP ne le prend toujours pas encore en charge à 100 %, notamment à cause de certaines fonctionnalités manquantes.
Néanmoins, le format PSD peut aussi contenir une version pré‐composée du rendu final si le fichier a été sauvegardé avec l’option « Maximize Compatibility ». Il est désormais possible de charger dans GIMP cette version pré‐composée, ce qui permet de pouvoir charger l’image exactement comme attendue.
Cela n’améliore pas le cas d’usage d’échange de fichiers de travail si vous souhaitez continuer un travail commencé dans Photoshop (en récupérant tous les calques, etc.). En revanche, c’est une grande avancée pour le cas d’usage où vous souhaitez seulement ouvrir et utiliser directement la version finale (au cas où un designer peu doué vous envoie un PSD comme version finale unique).
Pour cela, choisissez le nouveau format « Image Photoshop (fusionnée) ».
Autour du développement
Nouvelles des paquets
Cela ne concerne pas vraiment les systèmes GNU/Linux de prédilection sur ce site, mais parlons un peu de macOS ! Nous n’avions plus de paquet pour ce système d’exploitation depuis GIMP 2.10.0. Certains semblaient même croire que GIMP ne prenait plus en charge ces systèmes (comme je l’ai découvert lorsqu’on m’a interviewé sur le podcast Late Night Linux). Ce n’est pas le cas ! GIMP compile encore bien pour macOS, et d’ailleurs plusieurs personnes fournissaient déjà un paquet tiers.
La raison pour laquelle nous n’en avions pas était simplement l’absence de nos contributeurs macOS habituels (et le faible nombre de ceux‐ci, puisque c’était plus ou moins un nombre unitaire !).
Heureusement, un nouveau contributeur a fait son apparition et, contrairement aux autres propositions, il s’agit de quelqu’un qui accepte de travailler en équipe (ceci étant un problème, car comme je le disais, d’autres font déjà des paquets tiers, mais peu sont ceux qui essaient de s’adapter au travail en équipe).
Je profite de cette nouvelle pour rappeler que GIMP pour Windows et macOS n’a quasiment aucun contributeur ! Si — malgré le fait que nous soyons sur LinuxFr.org — vous souhaitez voir GIMP s’améliorer sur ces plates‐formes, nous apprécierions vraiment que les intéressés contribuent du code.
Nous rappelons qu’aucun des contributeurs récurrents actuels n’utilise ces systèmes d’exploitation, et si nous corrigeons parfois des bogues pour lesdites plates‐formes, ce n’est que par gentillesse ou parfois par ennui. Par exemple, je suis celui qui a finalement pris de mon temps pour implémenter le chargement asynchrone des polices au démarrage (puis Ell a pris la relève et a énormément amélioré au‐dessus de mon travail), alors même que je n’ai jamais vécu ce problème moi‐même ! Cela restait pourtant un des plus vieux sujets de plainte pour Windows (et même macOS dans une moindre mesure) avec probablement des dizaines de rapports, et ce depuis des années (peut‐être depuis toujours). C’était cependant assez simple à implémenter ; pourtant à part des plaintes, personne n’a jamais essayé de corriger. Je trouve cela triste. Des bogues simples (mais clairement très embêtants, voire bloquants !) comme cela, il y en a des dizaines dans GIMP sur ces systèmes propriétaires. Il serait extrêmement facile pour un programmeur avec un minimum d’expérience de rendre GIMP plus agréable dessus. À bon entendeur !
Activité florissante et retour d’expérience des gens !
L’activité de GIMP est vraiment saine et prospère, avec en moyenne (depuis la dernière version GIMP 2.10.2) : 22 commits par jour sur la branche principale (master) de développement et 7 commits par jour sur la branche gimp-2-10 (série GIMP 2.10.x, qui reçoit toutes les corrections de bogues et des fonctionnalités diverses en rétro‐portage).
De manière intéressante, nous avons des retours (sur les réseaux sociaux) de gens qui croient en un renouveau de GIMP. Or, cela fait des années que l’activité de développement est si intense (ce n’était cependant pas le cas, effectivement, il y a six ans, quand j’ai commencé à contribuer) ! Clairement, la sortie de GIMP 2.10, mais surtout les sorties successives avec notre nouvelle politique de fonctionnalités, font des merveilles. :-)
Une autre conséquence agréable que j’ai remarquée est l’attitude positive des gens. Pendant des années, on recevait énormément de critiques très virulentes et mauvaises. Et je dois dire que personnellement ce fut très dur de faire face à la méchanceté de certains. Ce n’est pas étonnant que la dépression guette beaucoup de développeurs de logiciels libres. Il m’est arrivé à plusieurs reprises de ne plus avoir la force de contribuer pendant plusieurs jours (et de me poser des questions sur pourquoi je faisais du Libre) après trop d’insultes reçues.
Dorénavant je remarque que la tendance s’est inversée. Je vois moins de remarques méchantes (ou peut‐être sont‐elles dorénavant totalement noyées derrière les louanges !) et beaucoup de gens qui nous remercient.
Cela devient à nouveau agréable de contribuer au logiciel libre et nous met de bonne humeur ! :-)
Retour de « gimp-data-extras » et « Alpha-to-Logo »
GIMP est déjà livré par défaut avec énormément de greffons, brosses, scripts et autres données. Parfois, il nous arrive d’en supprimer certains car nous estimons leur qualité insuffisante, ou bien parce qu’ils dupliquent une fonction faite par un autre script plus moderne, etc.
Néanmoins, nous sommes conscients que certaines personnes souhaitent continuer à utiliser telle ou telle donnée pour une raison ou une autre (ne serait‐ce que pour garder exactement le même rendu d’une utilisation à l’autre ou pour la compatibilité de vieux scripts, etc.). C’était par exemple le cas du vieux script Alpha-to-Logo qui avait été retiré de GIMP 2.10 à cause de sa qualité médiocre. Or, il avait clairement son public puisqu’il nous a été beaucoup demandé depuis. Plutôt que réintégrer un script dont nous ne sommes pas satisfait, ce script fait donc son retour dans le paquet gimp-data-extras 2.0.4, que vous pouvez télécharger.
Le futur de GIMP et notre financement participatif
Le développement de GIMP bat vraiment son plein et nous annonçons régulièrement les nouveautés ou améliorations à venir sur les réseaux sociaux (par exemple ZeMarmot ou GIMP sur Twitter ; oui je sais, ce n’est pas du réseau libre !).
Entre la prise en charge des calques de texte vertical, divers filtres de plus en plus évolués, des améliorations conséquentes de réactivité de GIMP (plus de calculs asynchrones, du MIP mapping, des discussions sur du cache plus intelligent de rendu, etc.) et bien plus, on est extrêmement heureux à l’association LILA, studio d’animation à but non lucratif qui produit le film libre ZeMarmot, d’être partie intégrante, et même moteur, de ce renouveau.
Pour que cela puisse continuer, notre association finance ce projet collaborativement. Voici un petit aperçu de nos projets à moyen terme :
Financement collaboratif de la gestion des extensions dans GIMP
Récemment, nous avons un peu fait la promotion de mon développement en cours pour de la gestion avancée d’extension : chercher, installer, mettre à jour et désinstaller des extensions de développeurs tiers en quelques clics.
Rien de révolutionnaire techniquement, on connaît tous cela, par exemple, dans tout navigateur Web moderne ou beaucoup d’autres logiciels. GIMP, de son côté, avait des extensions mais aucun serveur de dépôt pour développeurs tiers, ni aucun système de gestion. Je travaille à changer cela. Cela pourra faire son apparition, si possible, dès une sortie de GIMP 2.10.x.
Vous pouvez lire mon article détaillé pour en savoir plus.
GIMP pour l’animation
Bien sûr, je continue à travailler sur notre greffon d’animation, même si malheureusement le temps a énormément manqué ces derniers mois.
Mais pour l’animation, il n’y a pas que cela qui nous pose problème. Améliorer GIMP avec des fichiers très gros, de dizaines voire centaines de calques est un enjeu important pour nous. Les rendus doivent aussi être le plus rapide possible pour un travail efficace. Permettre la multi‐sélection de calques pour une gestion efficace de fichiers complexes est aussi un projet sur lequel je travaille.
Et ainsi de suite. Ce que nous développons dans GIMP est en fait bien moins spécifique que ce que certains semblent penser, et est extrêmement utile, voire primordial, pour la plupart des professionnels ou amateurs éclairés.
GIMP 3 : un nouveau monde
En parallèle, je travaille beaucoup sur GIMP 3, dont les possibilités sont excitantes. Déjà, je suis celui qui travaille sur la prise en charge des écrans haute densité (j’étais déjà celui qui avait apporté une prise en charge « minimale » dans GIMP 2.10, même s’il faut bien comprendre que celle‐ci n’est qu’une succession de bidouilles, puisque GTK+ 2 n’a pas de prise en charge native).
Je travaille aussi sur l’amélioration de la peinture numérique, une meilleure prise en charge des tablettes graphiques et de certaines de leurs fonctionnalités plus avancées, ainsi que de meilleures configurations par défaut.
Je prévois aussi de travailler sur la prise en charge du « toucher » dans GIMP, par exemple pour la rotation du canevas, le zoom ou le panning avec la gestuelle.
Du code maintenu
J’ai une liste de choses que je souhaite faire si grande que je ne vais pas continuer à vous la lister. Mais, surtout, ce que nous apportons est la professionnalisation de GIMP. Nous avons commencé à contribuer car il était instable et inadéquat pour du travail professionnel. De nos jours, il est extrêmement stable et adéquat. Nous l’utilisons donc maintenant quotidiennement dans un contexte professionnel et surtout nous le maintenons. Ce n’est pas du lâcher de fonctionnalité pour ensuite laisser des bénévoles avec peu de temps gérer les bogues et les plantages. À l’inverse même, la maintenance, la correction de bogues, la gestion des tickets et les revues de code me prennent plus de temps que le développement de nouveau code.
En fait, mon rêve à moyen terme serait que notre financement puisse grandir suffisamment pour engager davantage d’artistes ainsi que d’autres développeurs (pour non seulement travailler sur GIMP, mais aussi Blender, Inkscape, KDEnlive, Synfig, ou qu’importe le logiciel libre que nous utilisions à un moment donné).
Vous souhaitez financer notre travail pour améliorer le logiciel libre en créant des films libres ? Nous vous attendons sur ces plates‐formes :
-
Tipeee, pour financer en euros ;
-
Patreon, pour financer en dollars des États‐Unis.
Alternativement, notre page de donation indique comment donner sur Paypal, ou par donation en virement bancaire à l’association LILA (en revanche, Liberapay est en pause et il vaut donc mieux l’éviter pour le moment, même s’il est toujours dans la liste).
Merci !