Sommaire
- Introduction
- L'Open Source à EDF R&D : politique générale et panorama (Stéphane ANDRIEUX, Directeur scientifique d'EDF R&D)
- Open Source et partenariats de développement, étude, recherche, partage/couplage avec d'autres codes (Sébastien BOURBAN, Principal Scientist Hydrodynamics & Metocean, HR Wallingford)
- L'Open Source facilitateur de partenariats ? (Jean-Marc DANIEL, IFP Energies Nouvelles, Chef du Département de Géologie Structurale)
- Une première expérience de validation-debuggage et développement communautaire (Alistair REVELL, Manchester University)
- Open Source et enseignement (Alain EHRLACHER, Professeur à l'Ecole des Ponts ParisTech, Président du département Génie Mécanique et Matériaux)
- Modèles d'affaires autour d'un code Open Source (Jean-Raymond LEVESQUE, Accelmedia)
- Logiciels libres et données libres pour la géographie, la cartographie et les réseaux (Yves JACOLIN, Président d'OSGeo-fr)
Introduction
Le 7 juillet dernier, EDF R&D a organisé dans ses locaux de Clamart une conférence sur le stratégie open-source de l'entreprise sous le titre : « R&D industrielle d'expertise et open source : un avenir commun ? ». Il s'agissait de revenir sur le parcours de l'open-source depuis la libéralisation du code source de Code_Aster en 2001 et d'affirmer la continuité de la stratégie en cours en affichant les avantages dont avait profité la R&D.
Les présentations, pour moitié en anglais, ont duré toute l'après-midi devant un auditoire d'environ 150 invités: principalement des utilisateurs et développeurs des logiciels, chercheurs à EDF, mais aussi partenaires académiques et privés. Les documents des présentations sont consultables en ligne (voir lien ci-dessus) et les présentations en elle-même sont synthétisées une à une ci-dessous:
L'Open Source à EDF R&D : politique générale et panorama (Stéphane ANDRIEUX, Directeur scientifique d'EDF R&D)
Cette première présentation est probablement la plus intéressante pour les néophytes. Après un détail des besoins en simulation, S.Andrieux développe le panel d'avantages tirés des licences libres utilisées. Celles-ci dérivent principalement des possibilités d'échanges offertes par le libre, on citera notamment : une augmentation des validations, des remontées de bogues et de bonnes idées, un meilleur couplage avec d'autres codes, de meilleures collaborations avec académiques et industriels qui économisent sur le prix des licences (qui augmentent notamment avec le nombre de coeur utilisés) et peuvent tester leurs derniers développement en les implémentant directement dans le code. Mais ouvrir un code augmente aussi sa reconnaissance : S.Andrieux donne l'exemple d'une coûteuse certification qu'avait dû consentir EDF R&D auprès d'autorité de sécurité pour démontrer les qualités de ce code inconnu à l'époque : Code_Aster. Ceci n'est plus nécessaire depuis son passage en GPL.
S.Andrieux souligne aussi qu'un code « sec » n'a aucune valeur, « c’est l’écosystème construit autour qui en fait et en produit la valeur pour l’entreprise ». Il met en avant l'attractivité que représente un développement libre pour les meilleurs éléments. Il admet que le développement à EDF R&D reste toutefois plus proche de la cathédrale que du bazar.
Il présente ensuite un à un les codes open-source à EDF R&D par ordre d'ouverture. Code_Aster pour les éléments finis, Salome comme plate-forme de développement, Open-Turns pour le calcul d'incertitudes, Code_Saturne et Syrthes pour la simulation fluide et le transfert thermique, Telemac-Mascaret pour les écoulements à surface libre et Sim-Diasca pour les simulations discrètes.
Open Source et partenariats de développement, étude, recherche, partage/couplage avec d'autres codes (Sébastien BOURBAN, Principal Scientist Hydrodynamics & Metocean, HR Wallingford)
HR Wallingford est une entreprise d'ingénierie qui commercialisait les licences du code Telemac à l'époque où il était fermé. La stagnation du nombre de licences commercialisées, interprété comme une perte d'influence du code Telemac, imposa un changement drastique de stratégie, ce fût l'ouverture du code en 2010. Depuis, le code est passé de 200 licences vendues à 2000 utilisateurs.
S. Bourban insiste sur le fait que passer en Open-source fût un mouvement très profitable. HRW s'est adapté pour adopter le mode de développement libre. Notamment, un groupe de développement est créé pour impliquer tous les partenaires, un système de gestion de code source très automatisé, basé entièrement sur de technologies libres est mis en place et - ce qui n'est pas anecdotique - tout le code est traduit en anglais.
L'Open Source facilitateur de partenariats ? (Jean-Marc DANIEL, IFP Energies Nouvelles, Chef du Département de Géologie Structurale)
JM. Daniel présente le partenariat commencé en 2003 autour de Code_Aster entre EDF R&D et IFP Energies Nouvelles. Même si leurs besoins sont différents, ils ont su profiter de l'ouverture du code pour nouer des partenariats et faire progresser le code dans les directions qui les intéressaient le plus.
Une première expérience de validation-debuggage et développement communautaire (Alistair REVELL, Manchester University)
L'université de Manchester a initié une collaboration autour de Code_Saturne en 1999 avec l'arrivée à mi-temps du professeur Dominique Laurence. Depuis, 10 doctorats sur ce code ont été réalisés et 12 autres sont prévus dans les 3 prochaines années. il y a maintenant suffisamment de connaisseurs à tous les niveaux pour permettre une dissémination du code: Code_Saturne est enseigné en cours à MU aux étudiants, mais aussi à des extérieurs (autres universités, entreprises), il est aussi utilisé pour des projets étudiants. A.Revell est enthousiaste à l'idée de la propagation de l'Open-source. MU a développé une plate-forme de collaboration autour de Code_Saturne basée sur Twiki. Il y a 316 utilisateurs enregistrés et plus de 1000 pages lues par jour.
Pour A. Revell, le modèle open-source a comme avantage de permettre aux étudiants/chercheurs de plonger dans le code, mais est aussi reconnu des financeurs pour l'aspect diffuseur de science, mais aussi générateur de diplômés compétents.
Il reste des difficultés, comme les vieilles habitudes à changer, la maintenance des forums et l'intégration des différents développement dans la branche principale.
Open Source et enseignement (Alain EHRLACHER, Professeur à l'Ecole des Ponts ParisTech, Président du département Génie Mécanique et Matériaux)
Les logiciels Code_Aster et Code_Saturne sont au programme de deuxième année à côté de leurs concurrents commerciaux. Les élèves participent à des projets de 60 heures par petits groupes lors desquels, ils ont besoin d'outils de simulation et de design. Les élèves sont libres de choisir les logiciels qu'ils veulent utiliser. A.Ehrlacher donne une liste de critère de choix des élèves par ordre décroissant:
- Ils préfèrent utiliser les codes sur lesquels ils sont formés
- Ils préfèrent utiliser les codes qu’ils ont le droit d’avoir librement sur leur PC
- L’interfaçage CAO-Code de Simulation est souvent un critère de choix important
- Ils aiment utiliser les codes utilisés dans l’industrie
- Ils aiment beaucoup les bibliothèques d’exemples détaillés
- Ceux qui envisagent de faire de la recherche apprécient les codes Open Source
Pour les faire utiliser plus les codes libres, il faut donc plus venir les former dans les universités.
Modèles d'affaires autour d'un code Open Source (Jean-Raymond LEVESQUE, Accelmedia)
JR.Levesque oppose le modèle de développement logiciel propriétaire du 20ème siècle à celui open source du 21ème. Il présente celui d'EDF R&D pour ses logiciels.
Il cite les avantages que donnent l'implication dans les logiciels de simulation open source d'EDF pour les différents acteurs que sont EDF R&D, d'autres industriels, les partenaires académiques et les fournisseurs de service. Il donne en exemple le « Code_Aster Professional Network ».
Logiciels libres et données libres pour la géographie, la cartographie et les réseaux (Yves JACOLIN, Président d'OSGeo-fr)
Cette dernière présentation ouvre vers le sujet de l'ouverture des données. De nombreuses similitudes existent entre Open data et Open source, notamment au niveau des possibilités d'offres de service ainsi qu'au niveau des résistances psychologiques dues au changement de paradigme. Y. Jacolin discute des différentes licences et des projets qui se mettent en place, notamment en France. Il donne aussi quelques liens pour aller plus loin.