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Suport technique et veille technologique

Aujourd’hui, les grandes entreprises et administrations publiques hésitent entre continuer à utiliser des logiciels propriétaires ou basculer vers les Logiciels Libres. Pourtant, la plupart des logiciels libres sont capables de bien traiter les données issues des logiciels propriétaire, et parfois avec une meilleur compatibilité.

C’est alors la barrière de la prise en main qui fait peur, et pourtant...

Les logiciels libres

L’aspect « Logiciel Libre » permet une évolution rapide et une plus grande participation des utilisateurs. Les aides et tutoriels foisonnent sur Internet ou sont directement inclus dans le logiciel lui-même.

Enfin, les concepteurs sont plus proches des utilisateurs, ce qui rend les logiciels libres plus agréable à utiliser et conviviaux.

Grâce à la disponibilité des logiciels libres, vous trouverez facilement des services de support techniques et la licence n’est plus un frein à l’utilisation de ces logiciels par votre personnel.

Notre support technique concerne essentiellement les logiciels libres, que ce soit sous forme de services ponctuels ou de tutoriels.

DLFP - Dépêches  -  Le vhélio sort en v1.0.0

 -  Septembre 2023 - 

Le vhélio est un vélo cargo à assistance électrique qui se veut « solaire, solide et solidaire », entièrement développé sous licence libre (licence CERN-OHL-S version 2) et porté par l’association « Vélo Solaire Pour Tous ».

Nous célébrons dans cette dépêche la sortie de la première version stable (v1.0.0) plus d’un an après la sortie de la version béta 0.01. C’est aussi l’occasion de vous présenter le projet, ses récentes évolutions et les avancées à venir.

Logo du vhélio

Sommaire

Historique du projet

Le vhélio a été créé à l’origine par Grégory Barrier, début 2020. L’idée était d’avoir un vélo cargo capable de répondre à tous ses besoins de mobilités, à savoir : transport de charges lourdes et volumineuses, transport de personnes (pas seulement un enfant) et cyclotourisme. Le tout avec une volonté d’autonomie en termes de recharge, d’où le panneau solaire sur le toit qui donne son nom au vhélio (contraction de « vélo » et « hélios »). Il s’est inspiré du système d’assemblage de tubes carrés des vélos de la marque XYZ CARGO et en a fait quelque chose d’original.

L’objet a tellement plu aux personnes qu’il croisait sur la route que très rapidement est née l’idée de créer une association autour du projet qui garantirait que son développement respecte une éthique forte, qui est vraiment le cœur du projet. En effet, Grégory ne voulait pas en faire un projet commercial, mais plutôt permettre à tout le monde de pouvoir se construire son vhélio, et aussi permettre à d’autres entreprises de pouvoir le construire et le vendre.

Nous allons voir que cette stratégie coopérative est la clé du succès du projet.

Rapidement, le projet a été rejoint par des personnes proches du milieu informatique et sensibilisées aux logiciels libres. Le choix d’une licence libre pour l’intégralité du projet (fichiers 2D/3D, documentation, code source) s’est imposé. La licence CERN-OHL-S V2 a été choisi pour sa spécificité par rapport au droit européen et sa capacité de protéger toutes les productions (pas seulement le code source).

En effet, s’il est autorisé à n’importe qui de fabriquer des vhélios, y compris des entreprises, la vente d’un vhélio implique la mise à disposition de toute sa documentation, y compris, le cas échéant, les modifications que l’entreprise aurait apportées, autorisant ainsi de fait le reste du monde à utiliser les améliorations.

Premier prototype

La première version du vhélio (« Mad Max » de son p’tit nom) a servi de base au futur développement, mais n’a jamais été documentée. C’est la preuve de concept qui a donnée naissance au « vhéliotech ».

Prototype de vhéliotech
Si vous êtes attentif, vous verrez que la roue arrière a changé de diamètre, mais l’idée de départ est assez proche de l’objet final

Le vhéliotech

Vhéliotech v0.01

Le vhéliotech (contraction de « vhélio low-tech ») est le nom donné au vhélio que l’on peut faire soi-même (le seul vhélio actuellement disponible). Il est le fruit d’une année de développement à partir de la base du premier prototype. Son objectif était d’arriver à un véhicule plus « standard » que le prototype, afin de pouvoir le reproduire aisément.

C’est la première version qui a été intégralement documentée. En revanche, les fichiers source de la 3D n’étant pas réalisés avec un logiciel libre, seul un export en format .step (et un fichier FreeCAD non natif, donc non modifiable) était disponible.

Au moins trois prototypes ont été assemblés en suivant les plans de cette version et, même si le degré de finition était assez élevé, il a fallu encore beaucoup de travail pour arriver à la v1.0.0.

vhélio

Pour l’anecdote, c’est ce vhélio qui a servi au youtubeur Barnabé Chaillot pour son périple entre Lyon et Orléans.

Prototype du vhélioriginal

Le vhélioriginal est le nom du vhélio qui pourra, à terme, être assemblé et vendu par des professionnels.

Un premier prototype, avec un châssis chaudronné (c’est-à-dire soudé et plié au lieu d’être boulonné) a vu le jour en 2021. Bien que plus élégant, ce modèle n’a pas été satisfaisant en termes de tenue de route, et, surtout il était compliqué à entretenir et réparer. Un autre vhélioriginal devrait voir le jour d’ici fin 2023/courant 2024, sera-t-il chaudronné ? Nous n’avons pas encore la réponse.

En tout cas, il sera à la base d’une démarche de certification (nécessaire pour pouvoir vendre ou louer un vélo sereinement) qui a déjà démarré. C’est la différence avec le vhéliotech, qui ne peut être ni vendu, ni loué (en tout cas ça sera difficile de trouver des assureurs qui acceptent de coopérer avec vous), et ne peut donc être utilisé que par la personne qui l’a assemblé (sur la base de sa responsabilité civile).

Le prototype

Vhéliotech v1.0.0

Cette version de la documentation est la première considérée comme « prête à l’usage ». C’est-à-dire que nous (l’association Vélo Solaire Pour Tous) sommes assez confiant du degré de finition de la 3D, des pièces choisies et de la documentation, pour que si vous choisissez d’assembler un vhélio vous-même en suivant les instructions, vous ne rencontriez pas de gros problème.

L’objectif de cette version est de pouvoir assembler un vhéliotech sans avoir à modifier un tube, adapter une pièce ni utiliser un fer à souder. Bref, une fois les différentes pièces achetées auprès des fournisseurs (voir plus bas), vous devriez pouvoir tout assembler en utilisant des clés de 10 et des outils de cycle standard. Je schématise, mais c’est l’idée. Quasiment une dizaine de vhéliotech ont été assemblés en suivant les plans de la version 0.9.0 (qui n’a pas été publiée), la version 1.0.0 bénéficie donc des retours de bon nombre de personnes.

C’est aussi la première version dont la 3D a été intégralement réalisée sous FreeCAD (voir plus bas) et dont la documentation utilise des standards du logiciel libre (voir plus bas aussi).

Bien que le vhéliotech v0.01 et v1.0.0 soient très similaires en apparence, il serait difficile de vous lister toutes les différences entre les deux versions tellement elles sont nombreuses (l'historique des commits git sur la 3D peut aider, mais n’est pas forcément très digeste et n’inclut pas que des modifications fonctionnelles).

Vhéliotech v1.0.0
Un vhéliotech configuration intégrale fraîchement assemblé

Quatre configurations possibles

Le vhéliotech est un objet modulaire qui peut répondre ainsi à plusieurs besoins et budgets, car il faut le dire le vhéliotech reste un objet onéreux du fait notamment qu’il s’agit d’un objet non construit en série. Nous avons imaginé quatre configurations possibles à partir desquelles on peut bien évidement faire des modifications (voir la section sur les forks).

Configuration basique

Une personne, sans moteur, c’est la version la plus légère et la plus simple possible. Elle n’a, à ma connaissance, pas encore été testée (tous les prototypes assemblés comportant au moins un moteur et une batterie).

Le vélhiotech de base, schéma

Configuration motorisée

Similaire à la configuration basique, mais avec un moteur et une batterie, permettant d’accueillir un passager.

Schéma du vhéliotech biplace

Configuration solaire

Configuration plus complète avec un support de toit avec panneau solaire et des plateformes latérales. L’électronique est réduite au minimum, pas de faisceau électrique.

Schéma du vhiélotech avec panneau solaire

Configuration intégrale

Configuration la plus aboutie, avec tout un faisceau électrique (avec notamment des feux avant/arrière et des clignotants issue de la norme des cyclomoteurs), un onduleur (pour pouvoir utiliser la batterie comme une mini « station d’énergie solaire »), deux batteries pour améliorer l’autonomie, une carte électronique et un boîtier pour grandement faciliter l’assemblage et la maintenance du faisceau.

Bref, la Rolls-Royce des vhélios !

Schéma de la configuration intégrale

Migration vers FreeCAD

Un des gros enjeux de cette version a été le passage à FreeCAD, logiciel libre de Conception Assistée par Ordinateur.

La première version ayant été réalisée dans un logiciel propriétaire, nous étions bloqués dans l’avancement du projet. En effet, il aurait fallu fournir une licence à chaque personne impliquée sur la 3D, ce qui aurait coûté beaucoup d’argent et aurait grandement limité la possibilité de contributions extérieures.

Bien que le choix de FreeCAD se soit imposé rapidement (c’est, à notre connaissance, le seul logiciel libre capable de faire tout ce que nous souhaitions), la migration n’a pas été de tout repos. Tout d’abord, il a fallu refaire l’intégralité des pièces spécifiques au vhélio, c’est-à-dire tous les tubes et les pièces chaudronnées. Les pièces cycles (roues, moteurs, etc.) ont, pour la plupart, seulement été réimportées, vu que seul leur gabarit nous intéresse.

Ce fut un travail de longue haleine, mais le plus dur a certainement été de refaire tout l’assemblage.

Je m’explique : dans un logiciel de CAO, on dessine généralement ses pièces sous contraintes (on parle de conception paramétrique). Par exemple, pour un tube, je vais créer ce qu’on appelle une esquisse pour la section carrée (ici 25 × 25mm et 2mm d’épaisseur) et je vais ensuite faire une extrusion d’une certaine longueur pour créer un tube. Puis je vais créer une autre esquisse, dans un autre plan, contenant les trous à forer.

L’ensemble de ces esquisses sont contraintes et utilisent des paramètres globaux à tout le vhéliotech. Par exemple, la plupart des trous dans les tubes ont un diamètre de 6,5 mm, car nous utilisons des vis de 6mm de diamètre. Ce paramètre est défini une fois pour toutes les pièces, et si demain on décidait de passer à du 7 mm, par exemple, il suffirait de changer ce paramètre pour changer l’ensemble des pièces. C’est très pratique !

Les contraintes permettent de placer les différents éléments les uns par rapport aux autres. Par exemple, ce trou doit être à 12,5 mm du bord et le suivant à 30 mm de l’autre. Ainsi quand on change une contrainte, les autres contraintes s’adaptent.

C’est un autre aspect extrêmement pratique de ces outils de CAO et c’est ce qui les différencie des logiciels de modélisations 3D plus généralistes comme Blender.

Le vhéliotech dans Freecad
La dernière version du vhéliotech assemblée sous FreeCAD, tout est bien rangé dans des dossiers

En théorie, cela permet de revenir sur n’importe quelle étape de la modélisation, modifier ce que l’on souhaite, et le reste de la modélisation continue à s’appliquer.

C’est le principe de la modélisation non-linéaire : revenir sur un choix précédent ne remet pas en cause tout ce qui a été fait après. Seulement FreeCAD a encore du chemin à faire pour que cela fonctionne parfaitement.

Si le sujet vous intéresse, vous pouvez consulter cette page qui explique bien le principal problème, dit du « dénommage topologique ». Ce type de problème fait que dans certains cas, quand on veut modifier une étape précédente, FreeCAD ne sait plus reconstruire la suite, et il faut parfois tout défaire et recommencer.

Heureusement, un fork de FreeCAD, dit « link branch » s’attèle à résoudre ces problèmes. Il s’agit d’une version expérimentale, mais, force est de constater que le nombre de problèmes déjà résolus vaut largement le risque d’utiliser une version supposément moins stable. En réalité, l’expérience montre que ce fork est en fait déjà assez mature. L’objectif des développeurs de FreeCAD est de l’intégrer dans les versions futures « officielles » de FreeCAD.

En ce qui concerne l’assemblage, qui consiste à placer chaque pièce (et parfois plusieurs exemplaires de la même pièce) les unes par rapport aux autres, nous utilisons Assembly4. Comme beaucoup de fonctionnalités dans FreeCAD, il s’agit d’une extension qui s’intègre dans le reste du logiciel. Cette organisation modulaire permet à différents développeurs de proposer leurs extensions, et à chaque personne utilisant FreeCAD de choisir les outils les plus adaptés.

Assembly4 prend une approche très pragmatique du positionnement des pièces d’un assemblage : plutôt que de définir des contraintes comme cela se fait souvent dans les logiciels de CAO (tel axe doit être colinéaire avec tel autre, tels plans doivent coïncider, etc.), on accroche ici chaque pièce sur une pièce existante. Si la pièce support bouge, tout ce qui est attaché dessus va suivre le mouvement. Un système de points de référence et de rotations permet de définir rapidement la position et l’orientation des pièces. L’avantage est que le résultat est très robuste, puisqu’il ne fait pas appel à un solveur de contraintes 3D.

Nous avons aussi utilisé un atelier spécifique pour le pliage du métal, ceci afin de simuler les angles de pliures que feront les chaudronniers en fonction de l’épaisseur de la pièce et ainsi être au plus proche de l’objet fini. L’atelier permet aussi de générer le patron de la pièce avant pliage, tel qu’il faut la découper dans une tôle. Et enfin un atelier pour modéliser facilement les différentes vis utilisées.

Vous retrouverez toutes les informations pour la configuration de FreeCAD sur le wiki du projet.

Au final, nous avons un fichier d’assemblage de grande qualité, bien organisé en différents dossiers (qui représentent les différentes parties du vhélio) qui permettent de bien s’y retrouver et de cacher les parties non souhaitées.

Ce fut un immense travail, réalisé principalement par un bénévole.

Développement de l’atelier Assembly Handbook

La réalisation des visuels des étapes de montage en mode « Lego » (ou « Ikea ») était un aspect important du guide de montage.

Réaliser ce genre de vue sous FreeCAD est assez chronophage, et nous cherchions à développer une méthode qui permette d’automatiser leur rendu et leur mise à jour. En effet, si je passe des heures à réaliser à la main les différents visuels des étapes de montage et que je me rends compte qu’il manque une pièce à un endroit, je vais devoir refaire toutes mes étapes… L’idée a donc été de développer un outil facilitant ce genre de mise en page qu’on a appelé Assembly Handbook.

Capture d’écran de l’Assembly Handbook
L'atelier simplifie grandement le travail de documentation

Concrètement, c’est un outil qui permet de définir des étapes de montage (cela créera des dossiers) qui contiennent des pièces et ont un angle de vue particulier. Ensuite on peut créer une autre étape qui contiendra les pièces précédentes (qui seront grisées) et des nouvelles pièces qu’on pourra définir et ainsi de suite.

Les visuels ainsi que les annotations (bulle avec le nom des pièces) sont automatiquement générés et positionnés de manière adéquate. Vous pouvez consulter les étapes d’assemblage du châssis du vhéliotech pour un exemple ce que le système permet de faire.

L’idée ici aussi est de faire un travail qui reste évolutif. Si des pièces sont modifiées, ajoutées, supprimées, renommées, les visuels doivent pouvoir être mis à jour automatiquement, et il doit rester possible d’y apporter des modifications, ajouter de nouvelles étapes, etc. Il s’agit toutefois à ce stade d’un embryon d’atelier FreeCAD, qui bien que déjà utile, n’est pas finalisé ni documenté.

Développement d’outils maison pour compter les pièces

Afin de pouvoir compter aisément les différentes pièces du châssis du vhélio (tubes, boulons, etc.) et cela de manière automatique pour suivre les évolutions de la 3D, il a été développé un petit outil en ligne de commande qui compte les pièces pour chaque étape de construction du châssis et de la direction.

De cette manière on peut obtenir une nomenclature bien à jour, et en plus avoir la liste des pièces pour chaque étape. Pratique pour préparer un atelier de montage !

Documentation en ligne

En interne (au sein de l’association Vélo Solaire Pour Tous), nous utilisons l’outil NextCloud pour travailler sur des fichiers en commun (via la synchronisation de fichier et OnlyOffice). La documentation de la v0.01 avait été écrite avec ces outils.

Le souci, c’est que les fichiers produits par des traitements de texte (que ce soit Word, LibreOffice, OnlyOffice, etc.) ne sont pas très adaptés au travail collaboratif. Le travail à plusieurs, utilisant parfois différents logiciels, parfois en local parfois sur le site web, est compliqué et comporte le risque de supprimer des modifications ou de casser la mise en page. Alors un processus de centralisation des retours avait été mis en place, mais nécessitait beaucoup de coordination ; l’assemblage final de la documentation revenait à une seule personne.

Honnêtement, c’est un processus fonctionnel que beaucoup d’organisations humaines choisissent pour écrire des documents en commun. Il a l’avantage de permettre à quiconque sait écrire dans un traitement de texte (sans forcément bien l’utiliser) de pouvoir contribuer. Charge à la personne responsable à la fin de tout bien mettre en forme et de garantir l’intégrité des données. Alors souvent on se retrouve avec plusieurs versions du fichier, des versions de relecture, etc. On s’y perd un peu, mais avec un peu d’organisation on y arrive.

Pour la version v1.0.0 du guide de montage, nous avons essayé une autre méthode : le texte est écrit au format markdown puis compilé avec sphynx dans une version HTML et PDF. Cette méthode est utilisée notamment par bon nombre de projets libres dont la documentation est hébergée sur le site readthedoc.

Le format markdown permet, uniquement avec du texte brut, de façon lisible et relativement intuitive, de spécifier le contenu et sa mise en forme dans le même fichier. Ce type de fichier est idéal pour travailler avec un logiciel de contrôle de versions, nous avons opté pour git. Ainsi, si deux personnes modifient simultanément des passages différents, cela pourra être automatiquement fusionné dans le document final. Si deux personnes modifient simultanément le même paragraphe, il faudra probablement une intervention pour fusionner ou choisir la bonne version, mais des outils facilitent cela.

Dans tous les cas, l’historique de toutes les versions successives est conservé, et là aussi des outils permettent de comparer les versions entre elles pour démêler d’éventuels problèmes.

Le code source de la documentation est accessible sur le serveur git de l’association, et la documentation générée à partir de ce code est consultable sur le site web dédié, où l’on pourra aussi la télécharger au format PDF.

La compilation de la documentation peut être effectuée sur son propre ordinateur (pour les « power users »), ou sinon via une petite application web développée pour l’occasion. Cette dernière détecte lorsque une personne envoie une modification sur le serveur git, compile les versions HTML et PDF, et les publie sur le site web.

Malgré quelques efforts aussi bien dans le choix des technologies (markdown pour un code source lisible, gitea pour la possibilité de consulter et modifier le code directement dans le navigateur web) que dans la mise à disposition de tutoriels, force est de constater qu’il reste des barrières à l’utilisation de tous ces outils par le plus grand nombre. Nous n’avons pas encore trouvé la formule idéale.

Des ateliers de montage pour valider et améliorer le vhélio

Un des aspects formidable du vhélio est son aspect collaboratif.
Comme je le disais en introduction, le fait d’avoir choisi, dès le début, un mode de développement ouvert et une licence libre ont tout de suite permis à tous les amateurs de vélo, de mécanique, d’informatique libre et autre de participer au projet avec un « coût » d’entrée négligeable.

Par exemple, la v0.1 du vhéliotech a été modélisée par un professionnel de la CAO bénévole qui se tenait à distance d’un atelier d’assemblage qui testait en direct les propositions en termes d’assemblage.

Depuis le début, les membres de l’association sont dispersés dans toute la France (et maintenant aussi en Suisse et en Belgique). Ce foisonnement fait la force du projet, mais comme le vhélio n’est pas un logiciel, il doit aussi être testé « en vrai » (IRL comme on dit).

Des ateliers de montage collaboratif ont donc été organisés un peu partout en France et ont permis de :

  • valider des choix faits lors de la conception 3D,
  • tester les processus de fabrication des pièces chaudronnées,
  • améliorer la qualité de la documentation,
  • recueillir de nouvelles idées,
  • transmettre les connaissances techniques et théoriques autour du projet,
  • se rencontrer en vrai pour consolider des relations et ainsi créer une vraie cohésion de groupe,
  • accessoirement construire des vhélios !

C’est une forme de R&D accélérée, réalisée bénévolement par des dizaines de passionné·e·s.

L’atelier d’assemblage
Durant cet atelier, qui a permis de valider la v1.0, plus de 5 vhélios ont été assemblés

Le fait d’avoir autant de personnes impliquées, avec des degrés de connaissances différents et des angles d’approches différents (certains sont plutôt cyclistes, d’autres dans la mécanique, informaticiens ou simples « futurs usagers » motivés) rend les choix qui sont faits en termes de design plus pertinents.

Rien de comparable à une démarche entrepreneuriale classique où généralement une à trois personnes, plutôt ingénieurs mécanique de métier, investissent toutes leurs économies pour faire de la R&D à fond pendant deux ou trois ans, sans pouvoir parler aux autres de ce qu’ils font (brevets, secret industriel, concurrence, etc.). On comprend aisément pourquoi ils peinent souvent à décoller une fois le premier prototype lancé.

Il faudra ensuite tester le prototype en conditions réelles (ce qui a été le cas dès le premier jour du vhélio), éventuellement inclure les retours utilisateurs (ce qui est plus lent quand on est moins nombreux), puis passer du prototype à la série et par les phases de certification, ce qui n’est pas une mince affaire.

Dans le cas du vhélio, les coûts inhérents au développement ont été amortis par plusieurs structures :

  • les partenaires chaudronniers, qui avaient aussi un intérêt financier car ils fournissent les kits pour le vhéliotech, ce n’était donc pas un investissement « à perte »,
  • l’association Vélo Solaire Pour Tous, qui a bénéficié du soutien d’acteurs publiques (collectivités, ADEME),
  • d’autres structures associatives et de l’ESS qui ont elles aussi assemblé des vheliotech via des ateliers participatifs qu’elles ont organisés.

Je suis personnellement convaincu que ce mode de développement est le futur de l’industrie et de l’innovation en général.

Premier prix de l’eXtrême Défi

C’est, d’ailleurs, aussi le point de vue de la Fabrique des Mobilités (une association financée par l’ADEME) qui vise à :

Dé/Reconstruire les mobilités, brique par brique, ensemble via les communs et l’open source.

Cette dernière a lancé en 2021 l'eXtrême Défi Mobilité, une sorte de coopétition pour aider à faire émerger l’industrie des « véhicules intermédiaires » (entendez entre le vélo et la voiture).

Le défi est en trois phases : idéation, prototypage puis expérimentation et production.

L’association Vélo Solaire Pour Tous a participé à la phase 1 pour le vhéliotech ainsi que pour le vhélioriginal, et a gagné le premier prix de la phase 1, à savoir 30 000 €, en plus de l’argent alloué à chaque participant du concours (max 10 000 €).

Cet argent va servir à la phase de certification, qui a déjà débuté (voir plus bas).

Je vous invite à lire les différents dossiers rendus sur le wiki de la fabrique à l’occasion de ce défi sur la page de l’équipe vhélio, sur la page du projet vhéliotech et sur celle du projet vhélioriginal (en bas de chaque page il y a des onglets dans la partie « Réponse à l’eXtrême Défi »).

Un exemple d’ingénierie collaborative : le garde-boue arrière

Une pièce manquait dans la v0.9 : le garde-boue arrière inférieur.

Lors de différents ateliers à travers la France, des prototypes ont été réalisés :

Version 1
Première version en deux parties
Version 1
Deuxième version
Version 2
Une version en une partie

Après réflexion, il y avait moyen de faire plus simple, avec moins de matière et moins de pliage, alors un autre bénévole (qui n’a pas participé à ces deux ateliers) a modélisé cette pièce :

La pièce dans FreeCAD
Rendu dans FreeCAD de la pièce modélisée

Très rapidement, comme nous étions en train d’assembler un vhélio dans notre association, j’ai fait une commande auprès du chaudronnier en lui envoyant le fichier .step de la pièce. Je l’ai reçue et assemblée quelques jours plus tard.

Le concept était donc validé et la pièce rentrait officiellement dans la v1.0.0. Bel exemple d’ingénieurie collaborative !

Pièce finie

Qui dit licence libre dit fork

Le vhélio étant un projet entièrement libre, chacun peut donc le modifier à sa guise et proposer en retour ses modifications. On dénombre déjà plusieurs versions alternatives du vhélio, certaines proches de l’original, d’autres plutôt éloignées !

Dans le titre je parle de fork, techniquement ce n’en est pas car ces modifications ont souvent été réalisées ad hoc sans prendre le temps de modifier la 3d et la documentation, ce qui est parfaitement compréhensible si le but était de ne monter qu’un ou deux exemplaires. Néanmoins, les faiseurs responsables des modifications sont toujours disponibles pour fournir des explications, des photos, des plans sommaires et parfois même de la 3d lorsqu’une pièce particulière a dû être réalisée.

Voici quelques exemples de vhélio alternatifs.

L’histoire du « véloce »

Après un atelier en mars 2023 dans les locaux de Lorraine Energies Renouvelables (également partenaire de VSPT).

Adrien Acres s’est construit son propre véhicule pour participer au « Sun Trip Alpes » (une course à vélo solaire de plus de 2 500 km). Comme il a modifié la puissance du moteur (dépassant ainsi le cadre légal de maximum 250 W pour un vélo à assistance électrique), on ne considère plus qu’il s’agit encore d’un vhélio, mais on l’a dénommé le « véloce » !

Plus d’info sur la page d’Adrien du Sun Trip.

Adrien repart avec le prix « Coup de cœur » de ce Suntrip.

Le véloce
Double panneaux solaires inclinables, moteur arrière, deux plateaux, coque anti-pluie, ce « véloce » est épatant !

Des Vhélio « allégés »

Voici, un peu en vrac, des vhélios basés sur la version motorisée, mais allégés ou légèrement modifiés par rapport aux plans.

Vhélio réduit à l’essentiel
Version minimaliste pour une balade en montagne
Version légère
Avec panneau solaire

Dans l’atelier
Avec du contreplaqué et des sièges en plastique (plus légers)

Version "ULM"
Configuration motorisée avec quelques ajustements

La suite

Le projet vhélio est déjà très mature et structuré, comme vous pouvez le constater.
Le nombre de bénévoles « faiseurs » augmente aussi à mesure que les vhélios se construisent. L’année 2024 s’annonce comme une année importante qui verra sans doute la concrétisation de l’un des buts de l’association, à savoir permettre à des entreprises de construire des vhélios et les vendre.

Certification

Afin de vendre un vélo à assistance électrique (VAE) en France, il faut respecter la norme NF EN 15194 que le vhélio respecte normalement déjà. Mais d’autres aspects sont à prendre en compte afin que le vhélio puisse être certifié.

D’autres normes existent autour du vélo, et il n’est pas évident de déterminer quelles normes s’appliquent sur un objet comme le vhélio, qui ne rentre pas dans les cases existantes.

C’est un élément important si l’on veut pouvoir vendre un vhélio.
En effet, même s’il n’y a pas besoin d’homologation pour un VAE, le respect des normes et la validation par un laboratoire accrédité du respect de ces normes est quasiment obligatoire.

Sans cela, un assureur risque fort bien de refuser de couvrir les dommages en cas d’accident, et c’est la personne en responsabilité dans l’association (souvent le président) qui pourra se voir reprocher par exemple des tests insuffisants.

Le travail en vue d’obtenir cette certification a déjà commencé, et nous avons fait appel à un bureau d’études spécialisé pour nous assister dans cette tâche. Le vhélio issu de ce travail (qui sera donc le vhélioriginal) risque d’être différent du vhélio que nous connaissons, mais nous ne savons pas encore dans quelle mesure.

L’objectif est d’obtenir la certification fin 2024 pour un premier vhélio vendu début 2025.

Rationalisation

En parallèle au travail sur la certification, on entreprend une rationalisation pour faciliter au maximum le travail des chaudronniers et des assembleurs. Le châssis sera modifié, pour sans doute être soudé et non plus boulonné.

Le choix des accessoires, de la motorisation, de l’électronique, des différents équipements de sécurité, sera aussi sans doute revu, dans l’optique d’une production en petite série.

Tout reste à définir, mais là encore, beaucoup de choses risquent de changer cette année.

Le porte-vhélio

Un des projets un peu annexes est de documenter l’assemblage du « porte-vhélio », qui a été réalisé cet été par Gregory Barrier (encore lui !) à partir d’un porte-vélo du commerce.

Cela peut faire un peu peur comme ça, mais c’est stable (le poids maximal n’est pas dépassé) et il peut être monté par une personne !

Vhéliotech embarqué
Il est tout de même conseillé de bien le sangler à la voiture

C’est génial comme projet, comment je peux contribuer ?

Il y a plein de façons de contribuer au projet vhélio, en voici quelques-unes :

Remerciements

Merci à Youen pour la relecture et sa participation sur la section relative à FreeCAD.
Merci à Pierre pour les précisions sur l’aspect certification.
Merci Ysabeau et L’intendant zonard pour la relecture sur linuxfr.

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par Andréas Livet, L'intendant zonard, Ysabeau, Benoît Sibaud

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