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Sur la nouvelle numérotation
La question de ce changement de numérotation de LibreOffice a fait tourbillonner un bon paquet d’électrons sur LinuxFr. Dans un premier lien annonçant la sortie de la 7.6, puis un deuxième annonçant celle de la bêta 24.2 pour tests et enfin dans un journal (avec quelques erreurs) signalant en avant-première quelques fonctionnalités et améliorations.
Mais un rappel peut s’avérer nécessaire. Donc la numérotation des versions de LibreOffice est passée d’un schéma de type SemVer (en) : numéro majeur de version. numéro mineur. patch
, exemple 7.6.4
qui est la dernière à porter ce type de numérotation à un schéma de type CalVer (en). On a donc :
- année de sortie de la version : 24
- mois de sortie : 2
- micro : 0.
Les mises à jour de cette version, selon le calendrier de sortie porteront ainsi les numéros : 24.2.1, 24.2.2, 24.2.3, etc. jusqu’à la dernière 24.2.7 dont la sortie est prévue fin octobre 2024. La durée de vie d’une version de LibreOffice est de neuf mois.
Pas de changement pour le reste : deux versions « vivantes » vont continuer à coexister, une seulement maintenue, l’actuelle 7.6.4 et une en pleine évolution, l’actuelle 24.2. Sans oublier les versions de développement et les archives.
L’accessibilité enfin une priorité
L’accessibilité n’a pas toujours été une priorité de LibreOffice, il semblerait qu’avec les dernières versions, cela change fort heureusement. Par exemple, les versions antérieures ont ajouté la possibilité de marquer comme décorative une illustration ou un cadre, ce qui signale aux lecteurs d’écran de les ignorer et allège la lecture pour des éléments qui n’apportent pas une information supplémentaire.
La version 24.2 corrige beaucoup de défauts pour Windows, Mac, et Linux. On se contentera de relever ce qui concerne Linux :
- les vues arborescentes comme celle de la configuration avancée, menu Outils → Options → LibreOffice → Avancé → Ouvrir la configuration avancée1 sont correctement annoncées, passant, lues correctement par les lecteurs d’écran ;
- un paramètre système permet de réduire ou désactiver les animations est pris en compte par LibreOffice, permettant de désactiver les petits traits animés qui encadrent des cellules copiées dans Calc ;
- dans Calc, signalement des étiquettes d’entête de lignes et colonnes en conformité avec la spécification ARIA, elles sont utilisées par le lecteur d’écran Orca pour annoncer les cellules ;
- les lecteurs d’écran peuvent annoncer correctement le texte des éléments des éditions multilignes dont on trouve un exemple dans le menu Aide → Vérifier les mises à jours… ;
- les barres d’état des boites de dialogues sont signalées avec le rôle accessible correct ;
- les cases à cocher dans la boite de dialogue d’orthographe peuvent être activées avec la touche espace ;
- dans Writer, les paragraphes de style « Bloc de citation » utilisent le modèle d’accessibilité du même nom qui permet aux lecteurs d’écran de les annoncer sous forme de citation entre guillemets ;
- l’activation et la désactivation des boutons peut se faire à l’aide de l’action d’accessibilité correspondante ;
- le lecteur d’écran Orca indique si le soulignement est actif ou non.
Pour compléter, il est bon de rappeler ces deux logiciels qui facilitent l’utilisation de Linux, donc de LibreOffice : le logiciel de commandes vocales NoComprendo qui a fait l’objet de deux dépêches sur ce site. Il permet de lancer verbalement quelques raccourcis clavier (passant de soulager les articulations ou de suppléer à des problèmes de motricité) et le logiciel de dictée vocale Elograf développé pour Mageia.
L’internationalisation parce qu’il n’y a pas que l’alphabet latin
La meilleure prise en compte des langues qui utilisent d’autres systèmes d’écriture que l’alphabet latin fait partie également des points forts du développement des dernières versions de LibreOffice. The Document Foundation (TDF), la fondation qui chapeaute le projet a d’ailleurs lancé un appel à recrutement en novembre 2023 pour un poste de développeur. Il était plus particulièrement demandé aux candidats ou candidates des compétences linguistiques et sur Unicode.
Dans Impress certains des modèles livrés avec LibreOffice avaient des polices incorrectes pour les systèmes d’écriture CJC qui est la qualification d’Unicode pour les écritures chinoises, japonaises et coréennes et CTL. CTL pour « Complex Text Layout » qui concerne le rendu de polices complexes. CTL qualifie un système d’écriture dans lequel la forme et la position d’un graphème dépend de ses relations avec les autres graphèmes, c’est le cas notamment du Devanagari ou de l’alphabet arabe dont le sens du texte peut être bidirectionnel. La version 24.2 a corrigé ce bogue.
Des modèles avec les paramètres requis pour les textes japonais ont été ajoutés dans la catégorie « localisation »2 ce qui, en outre, améliore l’inter-opérabilité avec MsWord pour les personnes dont l’interface est en japonais.
Math peut afficher les formules aussi bien dans le sens gauche-droite que droite-gauche (ça c’est nouveau). L’application accepte maintenant également les opérateurs et les symboles arabes et persans (juste retour des choses dans l’histoire de la science mathématique).
L’interface, adieu les veuves et les orphelines
Les changements peuvent être visuels ou concerner des intitulés, un choix parmi ce qui a été signalé dans les notes de version.
La boite de dialogue des propriétés des fichiers, menu Fichier → Propriétés suit enfin le schéma du Dublin Core et ça passe bien dans les fichiers EPUB. Mais il faudra tout de même ajouter l’auteur, si ce n’est pas vous, dans SIGIL après la création de l’EPUB.
À ce sujet : remplir lesdites propriétés devrait être une habitude, allez donc faire un tour dans le menu Outils → Options → Chargement/enregistrement → Général pour cocher la case « Éditer les propriétés du document avant l’enregistrement ». Elle apparaîtra au premier enregistrement, et pourra toujours être modifiée par la suite en passant par le menu Fichier → Propriétés.
La récupération automatique des fichiers est cochée par défaut pour une première installation. Si vous ne l’avez pas fait sur votre LibreOffice, on ne saurait que trop vous conseiller de le faire : menu Outils → Options → Chargement/enregistrement → Général. Sur l’illustration, j’ai configuré 5 minutes. Cette récupération ne remplace pas l’enregistrement au fil de l’eau des fichiers. Elle permet seulement de récupérer le document après un arrêt intempestif de LibreOffice.
Si vous voulez protéger un fichier (onglet sécurité des propriétés), LibreOffice affiche maintenant une barre indiquant la force du mot de passe : plus elle est grande plus il est fort. Et il devient impératif, ce qui n’est pas forcément une bonne chose : on peut vouloir simplement protéger un fichier des modifications intempestives sans plus.
Suggestion : les mots de passe des fichiers de LibreOffice sont quasiment incraquables (pas sans beaucoup de temps), si l’idée n’est que d’éviter des modifications involontaires notamment de formules de feuilles de calcul, pensez à mettre le mot de passe dans les commentaires des propriétés.
Un autre changement sympathique : sur la barre d’outils l’icône qui représente un oméga, Ω, et qui ouvre un menu déroulant avec les caractères « spéciaux » favoris et les derniers utilisés. Cela affiche maintenant aussi la description du caractère et donc son numéro de code Unicode. Vous saurez ainsi que le numéro Unicode du manchot 🐧 est U+1f427.
Et si vous avez bien modifié votre barre d’outils et supprimé ce bouton, vous pouvez le remettre en passant par Outils → Personnaliser, onglet Menu, il s’appelle « symbole ».
Cette version signe aussi le glas des veuves et des orphelines (format des paragraphes), remplacées par des scissions qu’on autorise (ou pas). D’ici là que la casse y passe aussi…
Et, puisqu’on parle de Writer, une nouveauté qui en annonce peut-être d’autres : il est possible de styler les commentaires, un style existe pour ça. Les notes de version laissent présager que ce pourrait être l’amorce d’une plus grande variété de styles pour les commentaires.
Compatibilité OOXML et autre
Au rythme où ça va, LibreOffice va finir par être plus compatible avec l’OOXML que la suite MsOffice elle-même 😉. Plus sérieusement outre ce qui a été dit plus haut sur le japonais, j’ai relevé deux innovations majeures pour Writer.
LibreOffice utilise le style « Première page » pour récupérer l’entête et le pied de page d’un document au format DOCX sans plus créer un nouveau style de page.
L’algorithme de coupure des lignes justifiées a été modifié, pour l’instant, seulement pour les fichiers au format DOCX, LibreOffice reprend celui implémenté par MsWord 2013. Par la suite il sera utilisé comme justification par défaut dans la prochaine version majeure de LibreOffice. L’algorithme permet de gagner jusqu’à 20 % d’espace.
Et aussi, dans un autre domaine, Draw importe les fichiers TIFF multipages en plaçant une image par page.
Pour compléter (peut-être)
À la source de cette dépêche, j’ai écrit un premier article sur les nouveautés de LibreOffice 24. principalement pour avoir des illustrations. L’article a une structure différente et relève aussi d’autres nouveautés.
On ne saurait terminer sans remercier les personnes qui font de LibreOffice une suite aussi formidable et agréable à utiliser, sans oublier celles et ceux qui ont ajouté à Mageia deux outils d’accessibilité indispensables.