Aujourd’hui, les grandes entreprises et administrations publiques hésitent entre continuer à utiliser des logiciels propriétaires ou basculer vers les Logiciels Libres. Pourtant, la plupart des logiciels libres sont capables de bien traiter les données issues des logiciels propriétaire, et parfois avec une meilleur compatibilité.
C’est alors la barrière de la prise en main qui fait peur, et pourtant...
Les logiciels libres
L’aspect « Logiciel Libre » permet une évolution rapide et une plus grande participation des utilisateurs. Les aides et tutoriels foisonnent sur Internet ou sont directement inclus dans le logiciel lui-même.
Enfin, les concepteurs sont plus proches des utilisateurs, ce qui rend les logiciels libres plus agréable à utiliser et conviviaux.
Grâce à la disponibilité des logiciels libres, vous trouverez facilement des services de support techniques et la licence n’est plus un frein à l’utilisation de ces logiciels par votre personnel.
Notre support technique concerne essentiellement les logiciels libres, que ce soit sous forme de services ponctuels ou de tutoriels.
- 16 septembre -
À l’aune du paradigme de l’Intelligence Artificielle, les data centers sont amenés à proliférer partout sur le territoire. Ces entrepôts de serveurs dédiés au traitement et au stockage des données informatiques génèrent de nombreux conflits d’usage d’eau et d’électricité. Ils multiplient les emprises foncières et les pollutions environnementales. Ils accaparent des fonds publics et accélèrent la crise socio-écologique en cours..
Dans le cadre de son groupe de travail « Écologie et numérique », La Quadrature du Net est investie depuis plusieurs mois dans une lutte locale contre ces infrastructures à Marseille, portée notamment par le collectif « Le nuage était sous nos pieds ». Aujourd’hui, lundi 16 septembre, se tient une première conférence de presse visant à dénoncer le projet de nouveau data center de Digital Realty, l’un des plus gros acteurs mondiaux de ce marché en pleine expansion.
Ce texte reproduit la prise de parole du collectif « Le nuage était sous nos pieds » lors de cette conférence de presse visant notamment à dénoncer MRS5, le projet de nouveau data center de Digital Realty dans l’enceinte du Grand Port Maritime de Marseille (GPMM), à appeler les habitantes de la ville qui le souhaitent à répondre à l’enquête publique relative à ce projet, ainsi qu’à rejoindre et poursuivre cette lutte collective. Y participent également des représentants de la fédération des Comités d’intérêt de quartier (CIQ) des habitants du 16ème arrondissement, concernés directement par ce nouveau data center, des représentants des associations France Nature Environnement 13 et Cap au Nord, ainsi que des élu·es locaux et parlementaires NFP.
« Reprendre le contrôle sur les infrastructures du numérique ! »
Je prends aujourd’hui la parole au nom du collectif marseillais « Le nuage était sous nos pieds », qui est composé d’au moins trois entités : La Quadrature du Net, qui défend les libertés fondamentales dans l’environnement numérique ; Technopolice, qui analyse et lutte contre les technologies de surveillance ; le collectif des Gammares, collectif d’éducation populaire sur les enjeux de l’eau. Nous nous sommes rassemblées, alertées par la quasi-absence des enjeux environnementaux et territoriaux des infrastructures du numérique dans le débat public alors même que Marseille voit se multiplier les arrivées de câbles sous-marins pour les liaisons Internet intercontinentales et l’émergence de data centers dans un grand silence politique et médiatique.
La surchauffe d’intérêt général ?
Dans la plaquette de communication du MRS5 dont il est ici question, le « data center » est présenté comme étant en parfaite continuité avec les usages historiques de cet emplacement au sein du système portuaire. Le stockage de données succéderait au stockage agroalimentaire, au marché au bestiaux, au silo à sucre. On pourrait rétorquer dans un premier temps que la donnée ne se mange pas, mais plus sérieusement, il convient d’insister sur le flou que ce vocabulaire marketing entretient par rapport à l’objet technique lui-même.
Un data center n’est pas un simple entrepôt de stockage, c’est un méga-ordinateur bétonné composé de centaines de serveurs qui tournent en permanence. Les industriels du numérique et autres entreprises y louent des espaces pour pouvoir bénéficier des capacités de stockage et de la puissance de calcul de ce « méga-ordinateur », et pendant ce temps le méga-ordinateur surchauffe, renvoie l’air ou l’eau chaude dans une ville déjà trop souvent sujette à la canicule, pompe des quantités astronomiques d’eau et d’électricité sur le réseau public, et ne génère pratiquement aucun emploi direct.
On entend aussi souvent dire, par les industriels du secteur et les startupeux du gouvernement, que les data centers seraient « des projets d’intérêt national majeur », comme les ponts ou les gares ferroviaires d’hier. Qu’ils sont les nouvelles infrastructures « indispensables au fonctionnement de l’ensemble de la société française » comme le suggère l’actuel projet de loi de simplification de la vie économique, et qu’ils servent l’intérêt général. Inscrire les centres de données dans la filiation des grandes infrastructures territoriales publiques permet de faire comme s’ils relevaient de l’évidence et ne répondaient qu’à la demande naturelle du progrès civilisationnel. Si l’on considère que ces infrastructures servent réellement l’intérêt général, elles pourraient être municipalisées, et s’inscrire dans les besoins réels des collectivités territoriales plutôt que d’être confiées à des multinationales privées telle que Digital Realty.
Nous pensons que c’est l’idée même selon laquelle ces infrastructures peuvent servir l’intérêt général qui doit être remise en question. Nous pensons que l’objet « data center », ce méga-ordinateur, est imposé par une poignée de multinationales du numérique en accord avec des gouvernements avides de profits à court terme. Il est grand temps d’ouvrir la boite noire des systèmes techniques et d’admettre que les questions techniques sont toujours aussi des questions politiques. Les géants du numérique s’imposent sans aucune concertation au niveau local ou national, contournant les systèmes de planification et de décision collectives. Il faut redonner le pouvoir au peuple pour une autodétermination quant aux enjeux du numérique et explorer des alternatives décentralisées et communautaires, qui prennent soin de nous, des uns et des autres et de notre territoire.
Accaparements
Le numérique est souvent désigné comme un prétendu « cloud », un nuage qui n’a en réalité rien de vaporeux. Le « cloud », ce sont ces méga-ordinateurs reliés à travers le monde par des câbles sous-marins en fibre optique, dont 18 arrivent aujourd’hui à Marseille. Or, ces méga-ordinateurs accaparent le foncier disponible, que ce soit dans l’enceinte du GPMM et en dehors avec les quatre autres data centers de Digital Realty déjà en place MRS1, MRS2, MRS3, MRS4 et ce nouveau cinquième candidat, ou que ce soit dans les quartiers Nord, à Saint-André, à Saint-Henri, à la Belle-de-Mai, ou hors des limites municipales, comme le projet de Digital Realty à Bouc Bel Air. Il y a même un projet de data center flottant !
Ces entrepôts de serveurs s’accaparent aussi les réseaux électriques publics et l’énergie disponible, jusqu’à faire saturer leurs capacités1. Nous prenons aujourd’hui la parole juste en face du poste source d’électricité, construit spécifiquement par Digital Realty afin d’alimenter ses centres de données. Leurs moyens capitalistiques démesurés permettent donc de construire leurs propres infrastructures électriques, sans jamais se préoccuper des conséquences sur les habitant·es et leurs territoires. Tant et si bien que les conflits d’usage s’amoncellent. Ici à Marseille, il faut choisir entre l’électrification des bus ou des quais pour les bateaux de croisières et celle de ces data centers, qui accaparent ainsi l’énergie disponible en lieu et place de nos infrastructures et services publics2.
Enfin, les géants du numérique s’accaparent aussi notre eau. Le « river-cooling » utilisé à Marseille par Digital Realty pour refroidir ses data centers, n’est rien d’autre que le détournement des eaux de qualité potable de l’ancienne galerie minière de Gardanne, pour un gain énergétique peu conséquent3. Attribuer l’usage de ces eaux à ce besoin industriel pose la question de futurs conflits d’usage que les dernières sécheresses estivales nous ont laissé entrevoir. À l’échelle mondiale, la question de l’eau atteint des proportions préoccupantes : Google annonçait par exemple, en 2021, avoir utilisé plus de 15 milliards de mètres cubes d’eau pour le refroidissement de ses centres.
Greenwashing
Les services marketing des multinationales du numérique redoublent d’imagination pour nous faire croire que les data centers sont des « usines vertes », qui n’auraient aucun impact sur l’environnement. À les écouter, les centres de données seraient même des infrastructures légères, utilisant les ressources en eau et en électricité avec parcimonie et de manière « optimisée ». C’est faux.
L’urgence actuelle est d’entrer dans une trajectoire de sobriété énergétique. L’explosion des demandes énergétiques que le déploiement de data center produit n’est absolument pas compatible avec nos objectifs climatiques plus généraux. Car les ressources ne sont pas illimitées. MRS5 va s’accaparer l’eau et l’électricité, et nécessiter la construction d’autres centrales de production d’énergie verte, pourtant déjà controversées4. Même s’il semble parfois éculé, il faut encore une fois rappeler l’adage selon lequel « la seule énergie verte, c’est celle qu’on ne produit pas ».
Surtout que les calculs d’efficacité environnementale ont souvent la fâcheuse tendance à oblitérer et externaliser une partie de leurs impacts : jusqu’où calcule-t-on les coûts énergétiques et humains d’un data center ? Faut-il regarder les micropuces extrêmement gourmandes en eau pure, les dégâts causés par les câbles sous-marins obsolètes5, les autres déchets du numérique que l’ONU compte à 10,5 millions de tonnes ?
Peut-on continuer à invisibiliser les filières d’extractions minières extranationales extrêmement violentes, en République Démocratique du Congo notamment et dans le reste du monde. David Maenda Kithoko, président de l’association Génération Lumière, lui même réfugié climatique congolais, le rappelle haut et fort : la révolution numérique fait couler le sang de son peuple. MRS5 est construit sur le silo à sucre Saint-Louis, bâtiment emblématique de l’impérialisme français et du commerce colonial. Et si l’on trouvait pour cet ancien bâtiment une autre fonction, qui ne rejouerait pas ces violences, mais qui s’inscrirait réellement dans une trajectoire de sobriété et de justice sociale ?
Reprendre le contrôle
Pour finir, la question centrale qui se pose ici est : à quoi – à qui – servent ces data centers ? L’immense majorité des flux de données qui circulent dans les data centers sont à destination des entreprises. On nous laisse croire que ces méga-ordinateurs ne feraient que répondre à un besoin criant des consommateurs libres que nous serions, alors qu’une bonne partie de leurs usages nous concernant sont destinés à capter nos données personnelles et générer de la publicité pour polluer nos espaces de vie en ligne. Mais en regardant la liste des futures entreprises clientes de MRS5, on voit : Oracle Corporation, ce géant étasunien qui offre des services informatiques uniquement à des entreprises ; KP1, spécialiste de préfabriqué béton – le béton rappelons-le est responsable de 8% des émissions de gaz à effet de serre – ; Flowbird, société actrice de la « ville intelligente » ; MisterFly, agence de voyage en ligne pour la réservation d’avions, etc. En dehors d’un département de recherche en archéologie, les premiers clients connus de MRS5 ne semblent pas forcément « d’intérêt public national ». Bien au contraire, ce sont des acteurs issus du même monde technocratique que les data centers eux-mêmes.
Tout comme MRS5, des milliers de nouveaux data centers seront bientôt construits pour mieux accompagner l’essor programmé de l’Intelligence Artificielle (IA), se surajoutant à toutes les infrastructures informatiques déjà existantes. Or, on pourrait déjà légitimement se poser la question de savoir s’il n’y a pas déjà trop de numérique dans nos vies, non seulement d’un point de vue environnemental mais aussi du point de vue des impacts sociétaux. Alors que de plus en plus de professionnels de la santé nous alertent sur l’impact des écrans sur la santé mentale, le patron de Netflix peut se permettre de nommer le sommeil comme son principal concurrent. Le boom de l’IA, qui est entièrement entraînée et servie dans et par ces data centers, annonce de nombreuses nouvelles violences et violations des droits humains auxquelles nous devrons faire face : deep fakes, harcèlement, algorithmes de prises de décisions discriminatoires. C’est bien là l’un des enjeux des géants du numérique : prendre d’assaut notre temps et notre attention, en dépit de notre santé et de nos droits fondamentaux.
L’immixtion du numérique dans la plupart des champs professionnels se heurte très souvent à des résistances. Que ce soit en médecine, en agriculture, dans l’éducation, à la poste, dans les administrations, la logique qui sous-tend ce développement est presque toujours la même : l’optimisation et la dépossession technique, menant à des pertes de sens professionnel, à de l’isolement, à une intensification des cadences, à l’industrialisation. La crise professionnelle qui traverse ces secteurs est bien plus une crise de moyens humains que d’efficacité technique.
Pour autant, il n’y a pas de fatalité au « tout numérique », nous pouvons et nous devons reprendre le contrôle. Cela passe notamment par la contestation des projets de construction d’infrastructures nouvelles, telles que MRS5 de Digital Realty dans le port de Marseille.
L’enquête publique relative au projet MRS5 est ouverte jusqu’au 27 septembre 2024.
Vous êtes vous aussi engagé·e dans une lutte locale contre les data centers ? Écrivez-nous à : lenuageetaitsousnospieds@riseup.net.
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