Le protocole expérimental LISP a besoin
d'identificateurs pour les machines qui participent à
l'expérimentation. Comme les identificateurs LISP sont pris dans
le même espace de nommage que les adresses IP, il était préférable d'avoir un
préfixe IP spécifique. C'est désormais chose faite, avec ce
RFC, qui demande et obtient le préfixe
2001:5::/32
. Si vous voyez quelque chose qui
ressemble à une adresse IP et qui emploie ce préfixe, c'est qu'il
s'agit d'un identificateur LISP.
En effet, LISP (RFC 6830) repose sur le principe de
la séparation
de l'identificateur et du localisateur. Les identificateurs
sont stables et servent à... identifier une machine, les
localisateurs sont liés aux connexions qu'on a au réseau et
servent au routage. Les deux ont la forme physique d'une adresse
IP, et on ne peut donc pas les distinguer par leur syntaxe. Les
identificateurs sont formellement nommés EID (Endpoint
IDentifier) et c'est pour eux que
2001:5::/32
a été réservé (section 1 du RFC).
La section 3 explique les raisons de cette réservation :
- Identifier facilement le fait qu'une destination est
accessible via LISP, et qu'on peut donc chercher son
localisateur dans les tables de correspondance (RFC 6833). Actuellement, on ne peut pas savoir à l'avance,
il faut demander au système de correspondance, peut-être pour
rien.
- Ainsi, si un routeur gère à la fois des destinations LISP
et non-LISP (par exemple pour faire de l'ingénierie de trafic), cela lui permettra de ne pas pénaliser le trafic
non-LISP, qui pourra être transmis immédiatement.
- Si on souhaite traiter différemment le trafic LISP et le
trafic non-LISP, cela dispensera d'utiliser du
DPI pour le reconnaitre.
- L'avantage précédent s'applique aussi au cas où on veut
filtrer/bloquer l'un des deux trafics.
- Cela facilitera la numérotation des réseaux qui sont
mixtes : le ou les préfixes alloués pour l'IP traditionnel ne
seront pas affectés, le réseau qui voudra faire du LISP prendra
ses identificateurs dans
2001:5::/32
au
lieu de devoir découper une partie de son espace
d'adressage.
- Conséquence : moins de fragmentation de l'espace
d'adressage, et moins de routes dans la DFZ.
D'où cette réservation d'un préfixe dédié, en suivant les règles
du RFC 3692.
Les réseaux qui utiliseront ce préfixe ne doivent évidemment
pas annoncer de routes dans la DFZ (section
4 du RFC), ce préfixe ne servant qu'à des identificateurs et pas
aux localisateurs. Pour la communication entre un réseau LISP
numéroté avec le nouveau préfixe, et un réseau IP traditionnel, il
faut utiliser les techniques d'interconnexion des RFC 6832
et RFC 7215. Le préfixe complet pourra être annoncé (comme un
tout, ou comme des sous-préfixes très généraux, pour ne pas
surcharger la table de routage) par des routeurs d'interconnexion
(section 8 du RFC). Pour les routeurs non-LISP, ce sera un préfixe
comme un autre, et il n'y a aucune raison de lui appliquer un
traitement particulier.
Notre RFC exige également que ce nouveau préfixe
2001:5::/32
ne soit utilisé que par
configuration explicite et ne soit donc pas mis en dur dans le
logiciel des routeurs, d'abord parce que LISP pourra en utiliser
d'autres dans le futur, ensuite parce que des réseaux feront quand
même du LISP avec leurs propres adresses.
Pourquoi un préfixe de 32 bits ? Pourquoi pas plus spécifique
ou moins spécifique (cela a été une grosse discussion dans le
groupe de travail) ? La section 5 donne les raisons de ce choix :
- Cela fait assez de préfixes pour le réseau de test LISP
actuel (qui a environ 250 sous-préfixes /48), et pour ce qu'on peut envisager dans les
prochaines années.
- C'est cohérent avec des expériences comme celle du RFC 3056.
Le préfixe 2001:5::/32
est alloué pour
trois ans, ce qui est suffisant pour l'expérimentation (sections
6 et 7). À la fin de celle-ci, le préfixe sera rendu ou bien transformé
en allocation permanente (qu'il faudra justifier et
documenter, cf. RFC 2860, section 4.3). L'allocation, faite en octobre 2015, est notée dans le registre IANA.
L'allocation des préfixes à l'intérieur de
2001:5::/32
est décrite dans le RFC 7955.