Vous allez peut-être vous dire, en prenant connaissance du
sous-titre (« hackers, darkweb, Tor, Anonymous,
WikiLeaks, bitcoins… ») et surtout en voyant la
couverture un peu tape-à-l'œil, que c'est juste le Nième livre sur
les gros méchants cyberaffreux des bas-fonds du réseau, ceux qui
font sauter une centrale nucléaire en
tapotant sur un
smartphone, ceux que le
gentil ministre va heureusement bientôt civiliser. Des livres de
ce genre, sensationnalistes, bourrés d'erreurs qui amusent les
geeks et égarent les
lecteurs innocents, il y en a plein. Mais celui-ci
est différent :
- Il est écrit par une auteure qui connait son (ou plutôt
ses) sujets,
- Il ne contient pas d'erreurs (ou alors je ne les ai pas
trouvées),
- Il essaie de tout expliquer sans simplifier et sans
prendre le lecteur pour un ahuri.
Le cahier des charges était donc difficile. Les éditions
Larousse font des livres à destination du
grand public (le célèbre M. Michu). Souvent, « mais c'est pour le
grand public » sert d'excuse pour bâcler le travail. Or, cela
devrait être le contraire : comme M. Michu n'a pas les
connaissances nécessaires pour corriger de lui-même les erreurs,
il faut être plus rigoureux et plus précis quand on écrit
pour le grand public. L'auteure n'a pas écrit pour toi, lecteur
typique de mon blog ou, plutôt, pas que pour
toi.
On trouve très peu de livres ayant un cahier des charges
analogue. Soit on fait du purement technique, pour informaticiens,
soit on fait du Paris Match. C'est ce que
j'apprécie le plus dans le travail de Rayna Stamboliyska, l'effort
pour être claire et pédagogue, sans être approximative et
baratineuse.
Est-ce réussi ? Je vais laisser l·a·e lect·rice·eur en
juger. Personnellement, je trouve que le livre est riche, plein
d'informations, et que M. Michu va devoir faire un effort pour
suivre ces nombreux personnages et ces rebondissements multiples
(notamment dans le chapitre sur
WikiLeaks). D'autant plus qu'on trouve dans
ce livre des choses qu'on s'attend plus à voir dans un ouvrage
universitaire (ma préférée est le double espace de numérotation
des références, un en romain pour des notes de bas de page, un
autre en italique pour la
bibliographie à la fin) Mais, justement, je ne pense
pas que M. Michu soit un imbécile et demander un travail au
lecteur ne me choque pas.
Ah, et puisque j'ai parlé de la
bibliographie : recopier à la main des
URL est évidemment pénible et provoque
souvent des erreurs. Donc, pour
accéder aux nombreux textes cités, et pour
d'autres raisons, je recommande que vous visitiez le site Web officiel
attaché au livre. Quelques autres références :
Avertissement : je suis l'auteur de la préface, et j'ai reçu un
exemplaire gratuit. Je ne suis donc pas neutre.
Un dernier mot, pour les programmeurs : il y a deux fautes
dans le code en C sur la couverture. Cherchez.