Aujourd’hui, les grandes entreprises et administrations publiques hésitent entre continuer à utiliser des logiciels propriétaires ou basculer vers les Logiciels Libres. Pourtant, la plupart des logiciels libres sont capables de bien traiter les données issues des logiciels propriétaire, et parfois avec une meilleur compatibilité.
C’est alors la barrière de la prise en main qui fait peur, et pourtant...
Les logiciels libres
L’aspect « Logiciel Libre » permet une évolution rapide et une plus grande participation des utilisateurs. Les aides et tutoriels foisonnent sur Internet ou sont directement inclus dans le logiciel lui-même.
Enfin, les concepteurs sont plus proches des utilisateurs, ce qui rend les logiciels libres plus agréable à utiliser et conviviaux.
Grâce à la disponibilité des logiciels libres, vous trouverez facilement des services de support techniques et la licence n’est plus un frein à l’utilisation de ces logiciels par votre personnel.
Notre support technique concerne essentiellement les logiciels libres, que ce soit sous forme de services ponctuels ou de tutoriels.
Il y à en ce moment en France, et dans d'autres pays, un débat
vigoureux sur le déploiement de la 5G. Je
vous rassure, je ne vais pas donner un avis définitif sur tous les
aspects de ce débat, mais il me semble que plusieurs points
importants n'ont que peu ou pas été abordés.
5G est un terme qui regroupe un ensemble
de techniques et de normes pour les télécommunications
mobiles, techniques qui peuvent être déployées ensemble
ou séparément. Les promoteurs de la 5G promettent des miracles, mais
il y a des opposants.
D'abord, je voudrais dire que ce débat, cette friction, est une
excellente chose. (Et c'est relativement
récent.) Les techniques jouent un rôle crucial dans notre
société, les techniques de communication sont partout et influencent
fortement ce que nous pouvons faire ou ne pas faire, et il est donc
très bien que les citoyens et citoyennes soient informés qu'un
désaccord existe. Déployer ou pas la 5G est en effet un choix
politique (politique au sens « concerne la vie de la société »,
évidemment pas au sens « qui sera ministre des Déclarations
Ridicules à la Télé ».) Il n'y a pas de loi physique (ou sociale)
qui ferait du déploiement de la 5G un événement inéluctable, comme
la chute des pommes ou comme l'explosion de
Bételgeuse. « On n'arrête pas le progrès » est une
phrase idiote, d'abord parce que toute nouvelle technique n'est pas
forcément un progrès (ce peut être une régression) et ensuite parce
que, justement, le progrès se décide. C'est le cas pour l'invention
(ce qui se fait dans les labos, et qui dépend des thèmes à la mode,
et de leur financement) et encore plus pour l'innovation (le
déploiement hors des labos, qui nécessite des investissements lourds
et donc des décisions difficiles.)
Donc, le débat actuel sur la 5G est une bonne chose. Mais sur
quoi porte-t-il ? Les partisans de la 5G mettent en avant :
- Les performances accrues, en capacité et surtout en latence,
- La possibilité de nouveaux services, par exemple pour les
objets connectés, via des nouveautés comme une qualité
de service garantie.
Les opposants critiquent (j'ai essayé de faire une liste exhaustive,
mais il faut bien noter que tous les opposants ne partagent pas
tous ces arguments) :
- Les risques d'espionnage liés au fait que les équipements 5G
sont souvent fabriqués par des entreprises chinoises, notamment
Huawei, qui fait en ce moment l'objet d'une
campagne menée par le gouvernement des États-Unis,
- Plus généralement, le risque de perte de souveraineté liés à
cette dépendance vis-à-vis d'un fournisseur chinois,
- Les problèmes de santé liés au rayonnement
électromagnétique,
- Les problèmes écologiques liés à la consommation énergétique
des nombreux équipements nécessaires (puisque la portée de la 5G
est inférieure, il faudra davantage de stations de
base),
- Lié au précédent, le problème philosophique du
« progrès ». Voulons-nous de cette course à la communication
toujours plus rapide ?
Ah et puis il parait que la 5G peut aussi
poser
des problèmes aux prévisions météo mais je n'ai pas creusé la
question.
Je ne vais pas faire un dossier complet sur la 5G, sujet sur
lequel je ne suis pas un expert. Mais je voudrais mettre en avant
quelques points qui, il me semble, ont été un peu oubliés dans le
débat. Je vais suivre l'ordre des arguments donnés ci-dessus, en
commençant par les arguments « pour ».
Sur les performances, il est important de rappeler que le vécu
d'un utilisateur ou d'une utilisatrice ne dépend pas que de la
5G. Quand M. Michu ou Mme Toutlemonde, dans la rue, regarde le site
Web de Wikipédia, le résultat final, en terme
de performances, dépend de toute une chaîne, les performances des
deux ordinateurs aux extrémités, celles du réseau mobile, mais aussi
celles de tous les liens Internet entre
M. Michu et Wikipédia. Le goulet d'étranglement, le point le moins
performant et qui limite la performance globale, n'est pas forcément
le réseau mobile. Par exemple, les sites Web modernes nécessitent
souvent des calculs complexes pour leur affichage, et la rapidité de
chargement des fichiers n'y changera rien. Dire « la 5G permettra
d'accélérer la visualisation des pages Web » est au mieux une
simplification, au pire un mensonge publicitaire.
Et puis ces performances mirifiques sont très théoriques : elles
reposent sur des comparaisons faites en laboratoire, or les ondes
sont très sensibles à l'environnement extérieur, et la réalité ne
sera donc jamais aussi belle que la théorie. Regardez simplement
comment, aujoud'hui, vous n'avez pas la 4G
partout et que votre ordiphone se rabat
souvent en 3G voire moins.
Concernant les services nouveaux, on a entendu beaucoup
d'arguments marketing. Le record étant sans doute la promesse de
pouvoir faire de la téléchirurgie via la 5G car elle offrirait « des
garanties de service ». La réalité est moins rose : aucune technique
ne peut promettre qu'il n'y aura jamais de panne. Faire de la
téléchirurgie sans avoir de solution de secours (par exemple un
autre chirurgien sur place) serait criminel, 5G ou pas 5G.
Il faut aussi rajouter que ces nouveaux services ne sont pas
forcément quelque chose de positif. Globalement, la 5G est surtout
poussée par les opérateurs de télécommunications traditionnels, qui
sont historiquement des adversaires de la neutralité du réseau. La 5G, par la
virtualisation du réseau, permettrait plus
facilement de faire des services différenciés, donc probablement de
violer ladite neutralité.
Et les arguments des opposants, ou des gens critiques vis-à-vis
de la 5G ? Commençons par le risque d'espionnage, souvent
mentionné, et qui a mené à une guerre
commerciale entre le gouvernement étatsunien et
Huawei. Grosso-modo, disent les inquiets, si on laisse faire,
une grande partie des équipements 5G installés seront fabriqués par
Huawei (puisque ce sont les moins chers), et
Huawei aura donc la possibilité technique d'espionner tout le
trafic. Le problème de cet argument, c'est que ce n'est pas mieux
avec les fournisseurs non-chinois. Il faudrait être naïf pour croire
que seul Huawei a des portes
dérobées. D'autre part, le modèle de
menace de l'Internet a toujours été qu'on ne pouvait pas
faire confiance au réseau, car on ne peut pas évaluer la totalité de
la chaîne. Le RFC 3552 en déduit logiquement
que la sécurité doit être de bout en bout, donc qu'il faut chiffrer la communication de bout en
bout, 5G ou pas, Huawei ou pas. (Rappelez-vous que le lien 5G n'est
qu'une partie de la chaîne qui connecte deux personnes qui
communiquent et qu'analyser la sécurité en ne regardant que la 5G
serait une sérieuse erreur.) Évidemment, ce point de vue comme quoi
le chiffrement de bout en bout est indispensable n'est pas partagé
par les opérateurs de télécommunications, qui voudraient bien
continuer à surveiller le trafic (cf. RFC 8404.)
D'autre part, il n'y a pas que le fournisseur de matériel, il y a
aussi les boites qui gèrent le réseau, et, là, la sous-traitance est
fréquente, et la perte de compétence inquiétante, comme le démontre
l'excellent
article de Bert Hubert.
Si le chiffrement protège bien contre la surveillance, il ne
protège pas contre les dénis de service. Que
se passe-t-il si un ordre venu de Beijing
bloque subitement toutes les commmunications ? Le problème est réel
(mais bien moins cité que celui de
confidentialité, pourtant plus facile à
résoudre.) Pour ce problème, en effet, le choix du fournisseur des
équipements 5G est crucial mais, comme on l'a dit, les Chinois n'ont
pas le monopole des portes dérobées. La solution ici, nécessite au
minimum de n'utiliser que du logiciel libre dans les équipements de
communication, afin de pouvoir les évaluer, mais on en est loin.
Et les conséquences sur la santé ? La question est très difficile
à analyser car on a peu d'études scientifiques sérieuses sur la
question. (PS : si vous avez une bonne bibliographie sur ce sujet,
n'hésitez pas à me la communiquer. Il y a entre autres cette étude de l'IARC
et cette
synthèse des Décodeurs du Monde ainsi que l'étude
de l'ICNIRP.) Il ne fait aucun doute que les
ondes électromagnétiques peuvent être
dangereuses (exposez-vous au soleil au Sahara
sans protection et vous constaterez douloureusement que les ondes
font parfois mal.) La question est de savoir dans quelles conditions
(fréquence, puissance,
durée d'exposition, etc.) Si les ondes ont vraiment un effet sur la
santé, cet effet dépend forcément de ces conditions, et les discours
anti-ondes sont toujours muets sur ce point. La recherche en ce
domaine est d'autant plus difficile qu'il est possible que les
éventuels effets médicaux soient à long terme, surtout pour des
doses faibles. Et le débat est brouillé par des « anti-ondes » qui
racontent n'importe quoi sur le Web, parfois relayés par des
médias peu rigoureux, et par des commerçants
charlatans qui cherchent à placer des remèdes miracles. On
est rarement dans la rationalité ici, les effets, pourtant, eux,
bien connus, de la pollution due au trafic routier ne suscitent pas
la même mobilisation que « les ondes ».
Voyons maintenant l'argument écologique. Les fréquences utilisées
par la 5G portent moins loin, il va falloir davantage de
stations de base (ce qui va poser d'intéressants
problèmes de main d'œuvre), donc a priori davantage de
consommation énergétique. Mais en contrepartie, la puissance
dépassée par chaque base sera inférieure, donc les partisans de la
5G avancent qu'elle pourrait diminuer la
facture énergétique. J'avoue ne pas connaitre les chiffres
exacts. (Là encore, si vous avez des études sérieuses, je prends. Je
connais déjà cet
exposé détaillé de la Commission Européenne et l'étude
de Jancovici souvent citée.)
Je vais donc passer mon tour sur ce point. Notez que, comme souvent
dans les débats techniques, on voit parfois passer des erreurs qui
font douter de la qualité générale du texte. Par exemple dans ce
document de la GSMA, on lit « can potentially increase
cell energy consumption from 5-7 kW per 4G site per month to over 20
kW », mélangeant puissance (en watts)
et énergie (en joules ou à la
rigueur en watts*heures.)
Notez aussi qu'une conséquence du déploiement de la 5G serait
sans doute le grand remplacement des terminaux (les ordiphones) et que cela a un coût (les
équipements informatiques ont une empreinte écologique bien plus
forte lors de la fabrication que lors de l'utilisation. Éteindre
l'appareil qu'on n'utilise pas, c'est bien, ne pas le remplacer
trop vite, c'est mieux.)
Il reste un dernier argument contre le déploiement de la 5G,
l'argument qu'on pourrait appeler « philosophique ». En gros, en
a-t-on besoin ? Le débat ne peut évidemment pas être tranché par la
technique ou par les experts. D'un côté, on peut dire que
l'augmentation des performances (dont on a vu qu'elle n'était pas
garantie) est un but en soi. Après tout, chaque fois qu'on a
augmenté les performances des ordinateurs et des réseaux, on a
trouvé des usages (pas forcément souhaitables…) à cette augmentation. D'un autre côté, il n'y a
pas de loi fondamentale disant que cela devrait continuer
éternellement. Contrairement aux prévisions de la science-fiction,
voitures volantes et avions à propulsion nucléaire ne se sont pas
généralisés. Donc, le « progrès » n'est pas automatique. La question
de fond est « qui va décider ? » Comment se font les choix qui
impactent toute notre société ? Qui a décidé de déployer la 5G, et
pour quels intérêts ?