Vous trouvez que le courrier électronique,
c'est vieux et ringard, et que les réseaux
sociaux avec leurs possibilités de
réaction (« J'aime ! », « Je partage ! », « Je
rigole ! »), c'est mieux ? Et bien, vous n'êtes pas le seul ou la
seule. Ce nouveau RFC normalise un mécanisme pour mettre des
réactions courtes et impulsives dans le courrier électronique.
L'idée de base est que, si ce RFC plait et est mis en œuvre par les auteurs
de MUA, on verra
près du message qu'on lit un menu avec des émojis, et on cliquera dessus, et
l'émetteur du message verra sur son propre MUA le message qu'il a
envoyé accompagné de ces réactions. (Le RFC ne normalise pas une
apparence particulière à ces réactions, cf. section 5.2 pour des
idées qui ne sont que des suggestions.)
Bien sûr, on peut déjà répondre à un message avec des émojis dans
le corps de la réponse. Mais l'idée est de structurer cette réaction
pour permettre une utilisation plus proche de celle des
réseaux sociaux, au lieu que la réaction soit
affichée comme un message comme les autres. Liée au message
originel, cette structuration permettra, par exemple, au MUA de l'émetteur originel
de voir le nombre de Likes de son message… (Quant
à savoir si c'est utile, c'est une autre histoire…)
Techniquement, cela fonctionnera avec la combinaison des en-têtes
Content-Disposition:
et
In-Reply-To:
. Voici un exemple montrant le
format d'une réaction (négative…) à un message (le
12345@example.com
) :
To: author@example.com
From: recipient@example.org
Date: Today, 29 February 2021 00:00:10 -800
Message-id: 56789@example.org
In-Reply-To: 12345@example.com
Subject: Re: Meeting
Mime-Version: 1.0
Content-Type: text/plain; charset=utf-8
Content-Disposition: Reaction
👎
(Si vous n'avez pas les bons émojis sur votre système, le caractère
en question était le
pouce vers le
bas.) Recevant cette réponse, le MUA de l'auteur
(
author@example.com
) peut rechercher le message
12345@example.com
et afficher que
recipient@example.org
n'est pas enthousiaste.
Le paramètre Reaction
pour l'en-tête
Content-Disposition:
(RFC 2183) a été ajouté
au registre IANA.
Le texte dans la partie MIME qui a l'en-tête
Content-Disposition: Reaction
est une ligne
d'émojis. On
peut utiliser les séquences
d'émojis. Tous les émojis sont utilisables mais le RFC en
liste cinq qui sont particulièrement importants car considérés comme
la base, le minimum que devrait reconnaitre tout MUA :
Notez que le concept de séquence d'émojis n'est pas simple. Ce
concept permet d'éviter de normaliser des quantités astronomiques
d'émojis, en autorisation la combinaison d'émojis. Il est utilisé
entre autres pour les drapeaux nationaux, ainsi le drapeau
libanais sera 🇱🇧
(U+1F1F1 qui
indique le L du code pays ISO 3166 et U+1F1E7 qui
indique le B). Le RFC rappelle qu'écrire du code dans son
application pour gérer ces séquences n'est pas raisonnable et qu'il
vaut mieux utiliser une bibliothèque Unicode existante.
Les sections 4 et 5 du RFC donnent quelques idées aux auteurs de
MUA sur la gestion de ces réactions. Normalement, l'IETF normalise
des protocoles, pas des interfaces utilisateur. Mais cela n'interdit
pas de parler un peu d'UX dans le RFC, comme
indiqué plus haut. En outre, l'interface utilisateur vers le
courrier est typiquement assez différente de celle des réseaux
sociaux où ce concept de réaction existe. Ainsi, le RFC ne tranche
pas sur la question de savoir s'il faut envoyer la réaction
uniquement à l'auteur original du message, ou bien à tous les
destinataires. Ou bien s'il faut envoyer un message contenant juste
la partie Réaction ou si on peut la combiner avec un autre
contenu. Et que faire si, depuis la même adresse, on reçoit
plusieurs réactions, éventuellement contradictoires ? Ne garder que
la dernière (attention, le courrier électronique ne conserve pas
l'ordre d'envoi) ? Les additionner ?
Toujours en UX, le RFC note que la
réception d'une image dépend beaucoup du récepteur. (Et,
contrairement à ce que laisse entendre le RFC, ce n'est pas juste
une question de « culture », des personnes de la même « culture »
peuvent comprendre différemment la même image.) Il faut donc faire
attention aux réactions, qui peuvent être mal comprises. (Ceci dit,
c'est exactement pareil avec le texte seul.) Et, comme toujours sur
l'Internet, cette possibilité pourra ouvrir de nouveaux problèmes de
sécurité (utilisation pour l'hameçonnage ?).