Aujourd’hui, les grandes entreprises et administrations publiques hésitent entre continuer à utiliser des logiciels propriétaires ou basculer vers les Logiciels Libres. Pourtant, la plupart des logiciels libres sont capables de bien traiter les données issues des logiciels propriétaire, et parfois avec une meilleur compatibilité.
C’est alors la barrière de la prise en main qui fait peur, et pourtant...
Les logiciels libres
L’aspect « Logiciel Libre » permet une évolution rapide et une plus grande participation des utilisateurs. Les aides et tutoriels foisonnent sur Internet ou sont directement inclus dans le logiciel lui-même.
Enfin, les concepteurs sont plus proches des utilisateurs, ce qui rend les logiciels libres plus agréable à utiliser et conviviaux.
Grâce à la disponibilité des logiciels libres, vous trouverez facilement des services de support techniques et la licence n’est plus un frein à l’utilisation de ces logiciels par votre personnel.
Notre support technique concerne essentiellement les logiciels libres, que ce soit sous forme de services ponctuels ou de tutoriels.
Une vidéo au titre sensationnaliste, « La Russie peut-elle couper
le réseau internet en France et en Europe en s'attaquant aux câbles
sous-marins ? » a été publiée par France Info
hier. Ce titre montre une incompréhension sérieuse de ce qu'est
l'Internet. Couper les câbles est une
chose. Couper l'Internet une autre. Ce n'est pas parce qu'on ne peut
plus communiquer avec les USA qu'on n'a plus d'Internet. Quelques
explications.
Cette vidéo (depuis complétée par un
article de même contenu) fait partie des classiques productions médiatiques
qui jouent sur la peur « La
menace est observée par Orange France et jugée "crédible" par la
Marine Nationale ». (Un autre exemple, quoique un peu moins
sensationnaliste est dans un
article de The Conversation.) Mais elle est erronée à plusieurs
niveaux.
Commençons par le risque d'une attaque de la
Russie contre les câbles sous-marins. Comme je ne passe pas
sur C8 avec
le titre « expert en tout », je ne vais pas jouer au spécialiste
militaire. Je ne saurais donc pas évaluer ce risque. Ce ne sont
évidemment pas les scrupules moraux ou légaux qui arrêteront Poutine
qui, en Tchétchénie, en Syrie ou en Ukraine, bombarde
les hôpitaux et massacre les civils. La réalisation concrète, par
contre, est plus difficile mais admettons. Plaçons-nous dans
l'hypothèse que les Russes ont coupé tous les câbles sous-marins qui
relient la France et l'Europe aux États-Unis. Que se
passerait-il ?
Certaines personnes ont surtout fait porter leur critique de
cette vidéo en mettant l'accent sur la possibilité d'un re-routage
des communications par d'autres endroits (via l'Asie et le
Pacifique, par exemple ou alors par des liaisons
satellite). Certes, les protocoles de
routage, comme BGP, sont conçus pour cela (c'est la
jolie histoire de l'Internet conçu pour résister à une guerre
nucléaire). Mais il n'est pas sûr que la capacité disponible soit suffisante (pour
les satellites, il est sûr qu'elle ne l'est pas). Je vais donc
supposer, pour le reste de la discussion, qu'il n'y a pas
d'alternative disponible : les États-Unis sont injoignables.
Quelles seraient les conséquences ? FranceInfo dit sans hésiter
que ce serait une coupure de l'Internet. Mais
ils confondent le point de vue de M. Toutlemonde chez lui qui, quand
sa fibre est coupée, est effectivement déconnecté de l'Internet,
avec la situation d'un pays ou a fortiori d'un continent comme
l'Europe. Pour un pays ou un continent, l'Internet n'est pas un
service auquel on se connecte. C'est une interconnexion de réseaux
qui ont du trafic externe mais aussi du trafic interne. Une grande
partie des flux de données en Europe reste en Europe et ne serait
pas affectée par une coupure d'avec les États-Unis. L'Europe est en
effet largement autonome. (La vidéo donne le chiffre, non sourcé et
invraisemblable, de 80 % du trafic qui serait avec les USA. Compte
tenu de la capacité des liens européens, il en faudrait
des câbles sous-marins si 80 % du trafic traversait l'océan.)
Le cas relativement favorable de l'Europe est assez rare ;
beaucoup de pays dans le reste du monde n'ont pas de liaison même
avec leurs voisins immédiats, et doivent passer par les
USA. Parfois, ce sont les FAI d'un même pays qui n'ont pas de liaison
locale et doivent passer par Miami ou
New York, pour des
communications purement nationales. C'est pour cela que le cas
vietnamien cité par la vidéo
n'est pas pertinent pour l'analyse de la situation européenne.
Donc, en cas de coupure transatlantique, les Européens pourraient
continuer à communiquer. Bien sûr, ils ne pourraient pas échanger
avec les étatsuniens, donc une telle coupure serait très gênante, mais
ce ne serait pas une « coupure de l'Internet ».
Cette relative autonomie de l'Internet en Europe est due au fait
que les infrastructures de base, aussi bien l'interconnexion (via
par exemple les points d'échange) que le
DNS (via
l'hébergement de nombreuses instances des serveurs
racine) sont disponibles en Europe. Un pays qui n'aurait
pas ces infrastructures aurait certainement bien davantage de
problèmes.
Arrivé là, certains me disent « mais on n'aurait plus accès à
Google donc ce serait bien la fin de
l'Internet ». C'est évidemment une vision incorrecte de l'Internet ;
l'Internet est un réseau, pas un service et tout ne passe pas par
Google. Mais analysons cette objection.
D'abord, en cas de coupure totale de la liaison avec les USA, il
n'est pas du tout sûr que des services comme Google
Search ou YouTube soient
inaccessibles. Google connait son métier et il est probable que ces
services soient capables de fonctionner sans traverser l'Atlantique
(ce qui, de toute façon, aurait entrainé une latence insupportable à l'utilisateur). À lire
certaines discussions sur les réseaux
sociaux, on a l'impression que certains croient que
YouTube est une machine située aux USA et que toutes les requêtes
doivent passer par elle ! Il s'agit en fait d'un très grand nombre
de serveurs répartis sur toute la planète. (Même ce modeste blog est
sur deux machines, situées des deux côtés de l'Atlantique.) Bien
sûr, il existe peut-être des dépendances cachées, par exemple ces
serveurs contactent de temps en temps leur maitre aux États-Unis et,
s'ils n'y arrivent pas, peut-être cessent-ils de fonctionner. On ne
le sait pas, et Google ne communique pas sur ce sujet. Mon
estimation est que ce n'est pas le cas et que ces serveurs peuvent
fonctionner seuls pendant un certain temps.
Bon, ça, c'était Google, une entreprise sérieuse et qui sait ce
qu'elle fait. Mais un certain nombre de services disponibles via
l'Internet ne sont pas gérés par des entreprises
sérieuses. Entrainés entre autres par le terme marketing de
serverless, des services
dépendent de services extérieurs et ne font pas forcément attention
à ces dépendances, qu'ils découvrent seulement lors des
pannes. Donc, en cas de coupure de la liaison
transatlantique, il est certain qu'il y aura un certain nombre de
services supposés européens qui, en raison d'une dépendance mal
analysée vis-à-vis de quelque chose hébergé chez une région
étatsunienne d'AWS auront des problèmes. En
théorie, les services sérieux ont des plans pour résister aux
problèmes (les PCA) et d'autres pour se
redresser en cas de panne (les PRA). Mais ces
plans sont souvent purement théoriques et n'ont jamais été
testés. Donc, oui, là, une coupure des câbles transatlantiques aura
des conséquences en cascade pour certains, les moins préparés.
Cette discussion sur les services ne portait que sur les services
à administration centralisée, les plus vulnérables. Les services
pair-à-pair sont évidemment plus robustes
mais, en pratique, ils sont peu nombreux, en partie en raison de la
lutte menée contre eux par les ayant-droits et les États, au
détriment de la robustesse (comme on l'a vu pendant le confinement de 2020).
Voilà, nous avons vu que la vidéo de FranceInfo était très
décalée par rapport à la réalité. Toutefois, le risque d'une action
contre les câbles sous-marins peut être une bonne occasion de
réfléchir aux dépendances plus ou moins visibles de nos outils
numériques et à travailler à s'en affranchir, et éventuellement à
changer nos usages (nul besoin d'un moteur de
recherche pour aller sur le site Web de son employeur,
comme le font tant de gens). La dépendance n'est pas une fatalité
ou une loi physique, elle dépend de choix, qu'on peut changer.