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C’est alors la barrière de la prise en main qui fait peur, et pourtant...

Les logiciels libres

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Enfin, les concepteurs sont plus proches des utilisateurs, ce qui rend les logiciels libres plus agréable à utiliser et conviviaux.

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Planète des utilisateurs Debian  -  Vincent Bernat: Terminaison SSL : stunnel, nginx & stud

 -  Août 2011 - 

Pour les pressés : les meilleures performances pour une terminaison SSL sont obtenues à l’aide de stud sur un système 64 bits avec le patch d’Émeric Brun pour le cache de sessions en utilisant l’algorithme AES (en 128 bits ou 256 bits, cela n’a pas beaucoup d’importance pour les performances) sur autant de cœurs que possible (performances quasiment linéaires) et avec des clefs de 1024 bits à moins d’avoir réellement besoin de plus.

Introduction

Tout d’abord, j’écris SSL, mais il faut lire TLS v1. L’article de Wikipedia sur TLS donne les explications nécessaires sur ce propos.

Il y a un an, Adam Langley, de Google, encourageait l’activation de SSL sur les frontaux web en indiquant que SSL n’était désormais plus coûteux en ressources (traduction libre) :

En janvier de cette année (2010), Gmail a activé le HTTPS par défaut pour tout le monde. Précédemment, il s’agissait d’une option mais désormais, tous nos utilisateurs emploient HTTPS pour sécuriser leurs emails entre leur navigateur et Google, tout le temps. Pour se faire, nous n’avons pas eu besoin de déployer de nouvelles machines, ni d’employer du matériel dédié. Sur nos frontaux, SSL/TLS représente moins de 1% de la charge CPU, moins de 10 Ko de la mémoire par connexion et moins de 2% de la charge réseau. Beaucoup croient que SSL est consommateur en CPU et nous espérons que les chiffres ci-dessus (publics pour la première fois) permettront de chasser cette idée.

Si vous arrêtez de lire ici, ne retenez qu’une seule chose : SSL/TLS n’est désormais plus coûteux en ressources.

Cet article est une lecture très intéressante et présente les points importants à vérifier afin de réduire la latence des connexions SSL. Toutefois, si, contrairement à Gmail, les performances brutes de SSL peuvent être importantes : les frontaux peuvent servir plus de 2000 requêtes par seconde sur un seul CPU ou la terminaison SSL peut avoir lieu sur un répartiteur de charge (même si ce n’est pas la meilleure façon de monter en charge).

Tuning SSL

Il existe de nombreux facteurs qui peuvent affecter les performances SSL : l’implémentation choisie, le nombre de cœurs à l’œuvre, être ou non en 64 bits, la suite d’algorithmes choisie par les deux parties, la taille des clefs et enfin le cache de sessions.

Nous allons tester trois terminaisons SSL. Ils utilisent tous les trois OpenSSL. stunnel est le plus ancien et utilise des threads pour gérer plusieurs clients. stud est une tentative récente pour écrire une terminaison SSL qui soit simple et très efficace. Il utilise le modèle « un processus par cœur ». nginx est un serveur web qui peut également faire office de reverse proxy. Il est donc également capable de faire office de termaison SSL. Il a la réputation d’être un serveur web très efficace d’où le choix pour ce comparatif. Il est également capable de faire de la répartition de charge très simple. Ni stud, ni stunnel1 n’étant dotés d’une telle fonctionnalité, nous les couplons avec HAProxy, un répartiteur de charge haute performance qui confie habituellement la tâche de terminaison SSL à stunnel mais stud sait aussi s’y interfacer.

Ces trois implémentations ont été testées récemment par Matt Stancliff. Il a d’abord conclu que nginx était très mauvais en SSL puis que nginx n’était pas très mauvais en SSL (dans le premier cas, nginx était le seul à sélectionner une suite d’algorithmes faisant appel à DHE). Il y a malheureusement très peu de détails dans ces deux articles et j’espère en fournir davantage ici.

Cela nous conduit à parler de l’importance de la suite d’algorithmes négociée entre le client et le serveur pour le chiffrement symmétrique. Le serveur sélectionne la suite la plus sûre (à son sens) parmi les suites proposées par le client. Si une suite particulièrement coûteuse est activée côté serveur, il est probable qu’elle soit sélectionnée. C’est donc essentiellement côté serveur que la configuration doit être faite.

Le dernier réglage particulièrement important est celui du cache de sessions. Il influe aussi bien les performances que la latence. Durant le premier échange, le serveur va envoyer un identifiant de session. Lors des échanges suivants, le client pourra présenter cet identifiant pour demander à effectuer une poignée de main abrégée (abbreviated handhsake). Celle-ci est plus courte (amélioration de la latence par suppression d’un aller-retour) et autorise à réutiliser le secret principal négocié précédemment (augmentation des performances en sautant l’étape la plus coûteuse). L’article d’Adam Langley contient une session expliquant plus en détail ce mécanisme (avec des dessins).

Le tableau suivant montre quelle est la suite d’algorithmes choisie par quelques gros serveurs web. J’ai également indiqué si ceux-ci supportent correctement la réutilisation des sessions. Cet article de Matt Palmer indique comment vérifier ceci.

Site Algorithmes Réutilisation de session ?
www.google.com RC4-SHA
www.facebook.com RC4-MD5
twitter.com AES256-SHA
windowsupdate.microsoft.com RC4-MD5
www.paypal.com AES256-SHA
www.cmcicpaiement.fr DHE-RSA-AES256-SHA

La RFC 5077 propose un autre mécanisme pour reprendre une session précédente sans pour autant devoir garder un état côté serveur. Ce mécanisme est orthogonal à celui que nous venons de décrire. Je l’explique plus en détail dans un article sur comment activer la réutilisation des sessions SSL.

Benchmarks

Tous les tests ont été effectués sur un HP DL 380 G7 avec deux Xeon L5630 tournant à 2.13GHz pour un total de huit cœurs, sans hyperthreading, avec un noyau 2.6.39 (HZ égal à 250) et deux cartes réseau Intel 82576. Le sous-système de suivi des connexions de Linux a été désactivé et la limite sur le nombre de fichiers ouverts a été monté à 100 000.

Un boîtier Spirent Avalanche 2900 est mis en œuvre pour conduire les tests. À noter que c’est lui qui va imposer la suite d’algorithmes à utiliser en n’en proposant qu’une seule côté client.

Nous nous intéressons essentiellement aux performances du point de vue du nombre de sessions par seconde. Comme nous voulons également observer l’effet du cache de sessions, le scénario joué pour chaque client contient quatre requêtes successives pour lesquelles il y aura réutilisation de l’identifiant de session. Il n’y a ni compression, ni utilisation d’un mécanisme de persistence des requêtes HTTP. Les pages servies sont de 1024 octets exactement.

Notons enfin que HAProxy est capable de servir 22 000 requêtes par seconde sur un seul cœur. Durant les tests, il n’a jamais été le facteur limitant.

Choix de l’implémentation

Le premier test consiste à évaluer les performances comparées de nginx, stud et stunnel sur un seul cœur. Nous faisons tourner ce test sur un système 32 bits en utilisant la suite AES128-SHA1 et une clef de 1024 bits. Voici le résultat obtenu avec stud (en version 0.1 et avec le patch d’Émeric Brun pour le cache de sessions):

stud, 1 CPU

Le graphique du haut est le plus important. La ligne bleue représente le nombre de transactions par seconde (TPS) tentées par l’Avalanche tandis que la ligne verte indique le nombre de TPS qui ont réussies. Quand les deux lignes commencent à diverger, cela indique que nous avons atteint un maximum de ce que peut supporter la solution. La ligne rouge, qui représente le nombre de TPS qui ont échouées, commence alors à monter.

Plusieurs points sont mis en exergue : le nombre maximal de TPS (788 TPS), le nombre maximal de TPS en maintenant un temps de réponse inférieur à 100 ms (766 TPS) puis inférieur à 500 ms (776 TPS) et enfin le nombre maximal de TPS avec un taux d’erreur inférieur à 0,01% (783 TPS).

Comparativement, voyons les résultats obtenus avec nginx (en version 1.0.5) :

nginx, 1 CPU

Il obtient des performances brutes très proches de stud (763 TPS). Toutefois, au-delà de 512 TPS, les temps de réponse passent au-dessus de 100 ms. Pire, au-delà de 556 TPS, nous obtenons plus de 500 ms. Ce comportement est constant dans chaque test (avec ou sans proxy_buffering, avec ou sans tcp_nopush, avec ou sans tcp_nodelay) et je suis incapable de l’expliquer. Peut-être y-a-t’il un souci dans la configuration utilisée ? Après avoir atteint cette limite, nginx traite les connexions par lots. Afin d’atténuer les pics, le nombre de TPS réussies est tracé en vert pointillé tandis que la moyenne glissante sur 20 secondes de cette même mesure est tracé en vert plein.

Sur le graphique ci-dessous, les performances des trois implémentations ont été superposées. Pour ce graphique et pour les suivants, la mesure retenue est le nombre maximal de TPS tout en maintenant un temps de réponse moyen inférieur à 100 ms et une perte de paquets inférieure à 0,1%. stud monte donc à 766 TPS, tandis que nginx et stunnel dépassent à peine 500 TPS.

stunnel vs stud vs nginx, 1 CPU

Nombre de cœurs

Avec plusieurs cœurs, il est possible d’en dédier aux processus effectuant les calculs SSL. Les différents tests se sont joués avec ces répartitions :

1 core 2 cores 4 cores 6 cores
CPU 1, Core 1 network network network network + haproxy
CPU 1, Core 2 haproxy haproxy haproxy SSL
CPU 1, Core 3 SSL SSL SSL SSL
CPU 1, Core 4 - SSL SSL SSL
CPU 2, Core 5 - - network SSL
CPU 2, Core 6 - - SSL SSL
CPU 2, Core 7 - - SSL SSL
CPU 2, Core 8 system system system system + haproxy

Nous avons deux CPU et quatre cœurs sur chaque CPU. Les cœurs d’un même CPU se partagent le même cache L2 (sur ce modèle de CPU). Ainsi, à l’intérieur d’un même CPU, l’ordre a peu d’importance. Si possible, nous essayons de tout faire à l’intérieur d’un même CPU. Les processus SSL ont toujours le CPU pour eux seuls puisque ce seront eux qui vont saturer. La répartition est mise en place avec cpuset(7) en ce qui concerne les processus et en configurant smp_affinity pour les interrruptions des cartes réseau.

Nous gardons un cœur pour le système. Il est en effet assez important de toujours être capable de se connecter et de surveiller ce dernier, même lors des fortes charges. Avec autant de cœurs, c’est quelque chose que l’on peut se permettre.

Attention ! Il y a un piège quant à l’ordre des cœurs. Il faut lire attentivement le contenu de /proc/cpuinfo pour déterminer à quel processeur appartient chaque cœur. Parfois, le second cœur d’un point de vue du noyau est le second cœur du premier processeur, mais il peut aussi s’agir du premier cœur du second processeur !

stunnel vs stud vs nginx, 6 CPU

Comme le montre le graphique ci-dessus, seul stud est capable d’utiliser au mieux plusieurs cœurs. stunnel est absolument incapable de monter en charge et produit des performances pires qu’avec un seul cœur. Il est possible que le système de test soit un peu ancien et que l’implémentation des threads ne soit donc pas optimale. nginx suit stud en ce qui concerne les TPS, mais se trouve disqualifié en raison des problèmes de latence. La suite des tests se fait sans stunnel.

32 vs 64 bits

La façon la plus simple d’améliorer les performances de manière considérable est de passer de 32 à 64 bits. Les TPS sont alors doublés. Notons également que sur notre système de test, le passage en 64 bits implique également l’utilisation d’AES-NI en raison d’une version d’OpenSSL supportant cette extension. AES-NI est une extension du CPU accélérant le chiffrement et le déchiffrement d’AES. La suite des tests se fait en 64 bits et uniquement avec stud (les défauts de nginx sont toujours présents en 64 bits).

stud vs nginx, 64bit

Algorithmes et tailles des clefs

Dans nos tests, le choix des algorithmes a peu d’influence. Il n’y a que peu de différence entre l’AES 256 et l’AES 128. Utiliser RC4 ajoute légèrement de latence (ce n’est pas le cas en 32 bits) ce qui tend à montrer le bon fonctionnement d’AES-NI.

Par contre, si une clef de 2048 bits est utilisée, les performances sont divisées par 5.

stud: algorithmes et tailles de clef

Cache des sessions

La dernière chose à tester est l’influence du cache de sessions. Comme nous sommes sur un réseau local, la latence est relativement minimale et nous n’allons voir qu’un des points positifs de ce cache : des performances accrues au niveau des TPS en raison de l’usage CPU moindre. L’économie d’un aller-retour ne sera que peu significatif.

stud: cache de sessions

Ce graphique explique de plus pourquoi on observe toujours une baisse des performances avec stud après le point culminant : en raison des sessions qui échouent, le cache est alors moins efficace. Ce phénomène n’existe pas quand il n’y a pas utilisation du cache.

Conclusion

Le tableau ci-dessous résume les différents chiffres obtenus au cours des tests. Pour rappel, le nombre de TPS retenu est celui pour lequel le temps de réponse moyen est inférieur à 100 ms. Le test témoin est le suivant : 64 bits, 6 cœurs, AES 128, SHA1, clef de 1024 bits, 4 requêtes dans la même session SSL.

Contexte nginx 1.0.5 stunnel 4.41 stud 0.1 (patched)
1 cœur, 32 bits 512 TPS 503 TPS 766 TPS
2 cœur, 32 bits 599 TPS - -
32 bits 804 TPS 501 TPS 4251 TPS
- 1799 TPS - 9000 TPS
AES256 - - 8880 TPS
RC4-MD5 - - 7370 TPS
2048bit - - 1643 TPS
pas de réutilisation des sessions - - 5844 TPS
80 requêtes par session SSL - - 10797 TPS

Ainsi, stud, dans notre scénario témoin, est capable de servir 1500 TPS par cœur. Il semble donc qu’il soit actuellement la meilleure solution pour mettre en place une terminaison SSL. Il n’est pas encore disponible dans Debian, mais j’ai indiqué mon intention de l’empaqueter.

Voici comme stud est lancé :

# ulimit -n 100000
# stud  -n 2 -f 172.31.200.15,443 -b 127.0.0.1,80 -c ALL \
>   -B 1000 -C 20000 --write-proxy \
>   =(cat server1024.crt server1024.key dhe1024)

Jetez également un œil à la configuration de HAProxy, à celle de nginx et à celle de stunnel.


  1. MISE À JOUR : En fait, stunnel dispose aussi d’un mécanisme de répartition de charge intégré. Il suffit de spécifier plusieurs fois la directive connect

par

Planète des utilisateurs Debian

Planète des utilisateurs Debian - https://planet.debian.org/fr/

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