Aujourd’hui, les grandes entreprises et administrations publiques hésitent entre continuer à utiliser des logiciels propriétaires ou basculer vers les Logiciels Libres. Pourtant, la plupart des logiciels libres sont capables de bien traiter les données issues des logiciels propriétaire, et parfois avec une meilleur compatibilité.
C’est alors la barrière de la prise en main qui fait peur, et pourtant...
Les logiciels libres
L’aspect « Logiciel Libre » permet une évolution rapide et une plus grande participation des utilisateurs. Les aides et tutoriels foisonnent sur Internet ou sont directement inclus dans le logiciel lui-même.
Enfin, les concepteurs sont plus proches des utilisateurs, ce qui rend les logiciels libres plus agréable à utiliser et conviviaux.
Grâce à la disponibilité des logiciels libres, vous trouverez facilement des services de support techniques et la licence n’est plus un frein à l’utilisation de ces logiciels par votre personnel.
Notre support technique concerne essentiellement les logiciels libres, que ce soit sous forme de services ponctuels ou de tutoriels.
- 26 août -
Le retour de la vengeance des luddites technophiles
La merdification par écran tactile
En 2017, le destroyer John S. McCain de l’US Navy est rentré en collision avec un pétrolier libérien, causant la mort de 10 de ses marins et 100 millions de dégâts matériels.
Adrian Hanft analyse de manière très détaillée l’accident causé principalement par le fait que les contrôles mécaniques ont été remplacés par des interfaces tactiles. Ce qui a fait que, suite à un malencontreux appui sur une « checkbox », les deux moteurs se sont décorrélés (ce qui est une fonctionnalité attendue) et, en conséquence, le bateau s’est mis à tourner lorsqu’un des moteurs a changé de puissance.
Les détails sont croustillants. Comme le relève très bien Adrian, rien dans l’analyse de l’accident n’incrimine l’interface. L’US Navy semble quand même décidée d’en finir avec les interfaces tactiles et revenir aux contrôles physiques.
Adrian, qui est designer de profession, de s’insurger et de dire qu’on peut concevoir de « bonnes interfaces graphiques ».
Non.
On ne peut pas. Un écran tactile nécessite de le regarder. On ne peut pas acquérir des réflexes moteurs sur un écran tactile. On ne peut utiliser un écran tactile en regardant ailleurs (ce qui est quand même utile quand on conduit un bateau de 9000 tonnes). On ne peut pas former des marins capables d’agir intuitivement en situation de stress si l’interface change tous les 6 mois pour cause de mise à jour.
Il est temps d’accepter que nous nous faisons entuber par l’industrie de l’informatique et qu’informatiser tout est essentiellement contre-productif, voire dangereux. Si j’étais vulgaire, je dirais qu’on se fait doigter par la digitalisitation.
Dessin humoristique montrant une dame cherchant à acheter un ticket de train et se voyant rétorquer de rentrer chez elle, de créer un compte sur la plateforme, d’acheter le ticket, de le transférer sur son smartphone et que ce sera plus facile (Dessin de Len Hawkins pour le magazine "Private Eye")
La première et même unique propriété d’une bonne interface utilisateur c’est de ne jamais changer. De rester identique pendant des années, des décennies afin de construire une expertise durable et transmissible.
L’exploitation du travailleur
Comme le souligne Danièle Linhart dans « La comédie humaine du travail », le changement permanent est une stratégie consciente afin de détruire toute expertise et donc d’enlever tout pouvoir au travailleur. En supprimant le concept d’expertise, les travailleurs deviennent des pions interchangeables sans aucune capacité de négociation.
Le changement permanent n’est pas une conséquence, c’est une stratégie de management parfaitement consciente et théorisée !
Les premiers à comprendre la spoliation dont ils étaient victimes à travers le changement de leurs outils furent les luddites. Gavin Mueller le raconte très bien dans « Breaking Things at Work, The Luddites Were Right About Why You Hate Your Job ». Dans son premier chapitre, Gavin Mueller décrit avec une incroyable justesse le logiciel libre comme un mouvement Luddite technophile.
Contrairement à ce que la propagande nous fait croire, le luddisme n’est pas une opposition à la technologie. C’est une opposition à une forme de technologie appartenant à une minorité utilisée pour exploiter la majorité.
L’exploitation de l’utilisateur
Mais pourquoi se limiter à exploiter le travailleur maintenant qu’on a des « utilisateurs » ?
Numerama revient sur la Tesla qui a bloqué le centre de Sète pendant 45 minutes en se mettant à jour. Selon eux, le problème est le conducteur qui a lancé volontairement la mise à jour.
C’est pas faux.
Et l’article d’insister et de donner des conseils pour programmer la mise à jour de son véhicule la nuit et de prévoir qu’une mise à jour peut mal se passer et rendre le véhicule inopérant.
J’aimerais qu’on s’arrête un moment sur ce concept popularisé par nos ordinateurs puis nos téléphones et désormais nos voitures : il est désormais acquis que tout appareil doit, régulièrement, être rendu inopérant pendant plusieurs minutes. Il est acquis que chaque utilisateur doit prendre le temps de lire et de comprendre ce que chaque mise à jour entraîne (ils sont bien naïfs chez Numerama de croire que cliquer sur "accepter" n’est pas devenu un réflexe musculaire). À l’issue de ce processus, si l’appareil fonctionne encore (ce qui n’est pas toujours le cas), l’utilisateur aura la chance de voir que son appareil ne fonctionne plus de la même façon (c’est le principe même d’une mise à jour). D’après le constructeur, c’est toujours « en mieux ». D’après mon expérience, pour la majorité des utilisateurs, c’est une terrible période de stress où on ne peut plus faire confiance, certaines choses doivent être réapprises. Quand elles n’ont pas tout simplement disparu.
En résumé, un appareil qui se modifie est, par essence, un ennemi de son utilisateur. L’utilisateur paie pour avoir le droit de devenir l’esclave de son appareil ! Je le disais dans ma conférence « Pourquoi ? ».
Le point positif de tout cela c’est que si les bateaux de guerre et les voitures individuelles commencent à agir contre leurs utilisateurs de manière plus ouverte, les gens vont peut-être finir par comprendre que ces engins leur pourrissent la vie depuis le début.
Mais en fait, je rêve complètement. Une majorité de gens veulent des trucs merdiques. Sporiff revient sur le sujet avec le fait qu’en Allemagne, partager son compte Iban ou son adresse email est considéré comme « intime », mais pas partager son Insta pour chatter et son compte Paypal.
L’arnaque Telegram
À propos de vie privée et d’exploitation des utilisateurs. Ou au moins de leur crédulité.
J’entends régulièrement que Telegram serait une messagerie chiffrée. Ce n’est pas et n’a jamais été le cas. Telegram est équivalent à Facebook Messenger, c’est vous dire. L’entreprise Telegram (et le gouvernement russe) peut lire et analyser 99% des messages qui transitent sur cette plateforme.
On pourrait penser que c’est une subtilité informatique dans les techniques de chiffrement, mais pas du tout. Telegram n’est pas et n’a jamais été chiffré de bout en bout. C’est aussi bête que ça. Ils ont tout simplement menti à travers le marketing.
Mais comment ce mensonge est-il devenu populaire ? Tout simplement parce que Telegram offre une possibilité de créer un « secret chat » qui lui est techniquement chiffré. Il y a donc moyen d’avoir une conversation secrète sur Telegram, en théorie. Mais en pratique ce n’est pas le cas, car :
- Ces conversations secrètes ne fonctionnent que pour les conversations directes, pas pour les groupes.
- Ces conversations secrètes sont difficiles à mettre en place
- Ces conversations secrètes ne sont pas par défaut
- Ces conversations secrètes n’utilisent pas les standards de l’industrie cryptographique, mais une solution « maison » développée par des personnes n’ayant aucune expertise cryptographique
- L’entreprise Telegram (et le gouvernement russe) savent quand et avec qui vous avez initié un chat secret. Et ils peuvent le recouper avec la partie non secrète (imaginez un instant le « On passe sur le chat secret pour discuter de ça ? »).
Je pensais sincèrement que tout le monde était plus ou moins au courant et que le succès de Telegram était comparable à celui de Messenger ou Instagram : pour les gens qui s’en foutent. Mais les médias n’arrêtent pas de décrire Telegram comme une application sécurisée. C’est faux et cela n’a jamais été le cas.
Ce qui confirme l’adage (que j’ai inventé) :
Les articles dans les médias grand public sont fiables sauf pour les domaines dans lesquels vous avez un minimum de compétences.
Si vous utilisez Telegram, il est urgent de migrer sur une autre plateforme (le plus facile étant pour moi Signal, mais surtout, évitez Whatsapp). Même si vous pensez que vous vous en foutez, que vous ne postez jamais. Votre simple présence sur cette plateforme peut un jour encourager quelqu’un d’autre à vous contacter pour des sujets privés que vous n’avez pas spécialement envie de partager avec le gouvernement russe.
Soutenir le logiciel libre
Mais tout n’est pas noir.
Des entreprises françaises s’associent pour soutenir le logiciel libre à hauteur d’un pourcentage de leur chiffre d’affaires. J’aime ces enfoirés de luddites technophiles !
Le retour des blogs luddites
Le monde luddite se porte d’ailleurs plutôt bien. Solderpunk, le fondateur de Gemini, s’étonne de voir que certains des blogueurs non-tech qu’il suivait il y a plusieurs années réouvrent aujourd’hui leur blog après l’avoir fermé pour devenir Instagrammeu·r·se·s durant quelques années.
Je ne sais pas si c’est une vraie tendance ou juste ma bulle personnelle. En vrai, je crois avoir appris qu’il ne faut pas tenter de chasser les tendances à tout prix. J’aime bloguer et je veux le faire jusqu’à la fin de ma vie. J’aime écrire de la science-fiction et je pense continuer à écrire de la science-fiction jusqu’à la fin de ma vie. Si les blogs et la SF ne sont pas tendance, tant pis, au moins je ferai ce que j’aime et ce en quoi je crois. Si les blogs ou la SF (re)deviennent soudainement à la mode, alors peut-être que j’en bénéficierai d’une manière ou d’une autre. Et encore, je ne suis pas sûr parce que le succès médiatique ira certainement à ceux qui ont le talent de surfer sur les tendances.
Mais je suis persuadé qu’au crépuscule de ma vie, je tirerai beaucoup plus de fierté d’avoir consacré mon temps à faire ce que j’aime et à partager avec ceux qui apprécient les mêmes choses que moi. Les sirènes de la gloire éphémère rendent parfois ce choix difficile, surtout pour moi, qui suis vite attiré par les paillettes du star-système. Mais je suis convaincu que c’est le bon.
Interview sur le métablogging
Pour ceux qui s’intéressent à la manière dont je blogue, pourquoi je blogue, comment je blogue, j’ai répondu à un long interview en anglais par Manuel Moreale pour la newsletter « People & Blogs ». Je n’aime pas trop le « Métablogging » (bloguer sur le fait qu’on blogue). Du coup, il y a dans cet interview pas mal de choses que je n’aurais jamais abordées ici même.
Ploum.net écrit par Ploum, Lionel Dricot, ingénieur, écrivain de science-fiction, développeur de logiciels libres.
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