Greboca  

Suport technique et veille technologique

Aujourd’hui, les grandes entreprises et administrations publiques hésitent entre continuer à utiliser des logiciels propriétaires ou basculer vers les Logiciels Libres. Pourtant, la plupart des logiciels libres sont capables de bien traiter les données issues des logiciels propriétaire, et parfois avec une meilleur compatibilité.

C’est alors la barrière de la prise en main qui fait peur, et pourtant...

Les logiciels libres

L’aspect « Logiciel Libre » permet une évolution rapide et une plus grande participation des utilisateurs. Les aides et tutoriels foisonnent sur Internet ou sont directement inclus dans le logiciel lui-même.

Enfin, les concepteurs sont plus proches des utilisateurs, ce qui rend les logiciels libres plus agréable à utiliser et conviviaux.

Grâce à la disponibilité des logiciels libres, vous trouverez facilement des services de support techniques et la licence n’est plus un frein à l’utilisation de ces logiciels par votre personnel.

Notre support technique concerne essentiellement les logiciels libres, que ce soit sous forme de services ponctuels ou de tutoriels.

LinuxFr.org : les journaux  -  Traduction : Payer ne permet pas d'échapper aux monopoles

 -  6 mars - 

Sommaire

Contexte

Ayant récemment découvert dans la section liens de LinuxFr le plus récent blog de C. Doctorow, le caractère politique libriste de cette publication m'a frappé, me poussant à partager au même endroit quelques uns des meilleurs articles (à mon goût) qui y sont publiés. Visiblement sans susciter la passion.

Est-ce un problème de langue — après tout ce n'est pas LinuxFrEn ici ? D'opinions ? Autre ? Toujours est-il que je souhaitais à l'occasion trouver le temps de traduire et partager un de ces articles. Ne trouvant pas de mention de la licence sur le site, ma demande d'autorisation étant restée lettre morte — ça se comprend, un des plus fameux auteur de notre génération a d'autres chats a fouetter, le projet était en suspens.

Tout récemment un article bilan de pluralistic soulignait que l'ensemble des textes y était en CC-By, les laissant reprendre un peu partout de par le monde. Sauf erreur de ma part, cela autorise les traductions [*].

En voici une. C'est l'occasion de discuter des sujets sus-mentionnés, du thème récurrent ici de la traduction — celle-ci est réalisée avec Meld, Libreoffice, et les atlas sémantiques ; est-ce un bien ? mon a priori serait que le style original de C. Doctorow risque fort de mal passer au travers d'outils automatiques — et bien sûr du fond du discours de l'article : pas de solution aux problèmes techno-économiques à l'échelle individuelle.

L'article traduit est celui-ci. Il traite du problème de la lutte contre la submerdsion sous le prisme des services Google. Pour moi choisir celui-ci était aussi l'occasion de ne pas déblatérer contre mon bouc émissaire usuel (ce qui serait petit et stupide).

Traduction

Un patron peut soit investir dans la qualité des produits de son entreprise, soit investir en SEO (Optimisation pour moteur de recherche) chez Google. La première option le fera apprécier de ses clients — mais ils seront incapables de le trouver, à cause de ceux qui choisiront la seconde. Et à quoi bon s'occuper de la qualité quand le SEO est optimal ?

Depuis plus d'une décennie, Google a promis qu'il traiterait le problème des "lead-gens" — des services qui se font passer auprès de Google pour locaux, faisant dégringoler les classements des firmes locales, aussi bien dans les recherches normales que sur Google Maps (précisément ces entreprises qui investissent en qualité plutôt qu'en SEO). Cherchez un couvreur, un plombier, un électricien, un serrurier (particulièrement ce dernier), et la plupart sinon tous les résultats seront des lead-gens. Ils prendront votre commande, se prétendront une entreprise du coin, puis sous-traiteront à un clown à moitié qualifié pour qu'il s'en charge lamentablement pour quatre fois le prix:

https://www.nytimes.com/2016/01/31/business/fake-online-locksmiths-may-be-out-to-pick-your-pocket-too.html

Certains prennent simplement votre paiement puis s'en viennent « rechercher un outil à leur atelier, » sans plus jamais revenir :

https://www.riverfronttimes.com/news/when-a-fake-business-used-a-real-st-louis-address-things-got-weird-32087998

Google a promis de régler ça depuis belle lurette, et pour être honnête, ça progresse un peu. Fut un temps où une carte de Manhattan montrait plus de serruriers que de taxis :

https://blumenthals.com/blog/2009/02/18/google-maps-proves-more-locksmiths-in-nyc-than-cabs/

Mais GMaps est piégé dans la presse à submerdsion. D'un côté, Google souhaite fournir une bonne carte, bien fiable. De l'autre, elle fait son beurre en vendant des emplacements qui relèvent d'une payola, où une entreprise peut payer pour s'arroger les meilleures places dans les recherches où carrément s'afficher sur la carte. Prenez une vue à grande échelle du centre de Londres sur GMaps et les points de repère mis en exergue sont un mélange inénarrable de réels repère et d'affichage payé : le British Museum, Buckingham Palace, la Barbacane, l'œil de Londres… et une clinique maxillo-faciale de la City.

https://twitter.com/dylanbeattie/status/1764711667663831455

Ah Google, quel travail de Sisyphe que « de trier l'ensemble de l'information de la planète et de la rendre universellement accessible et utile ». Assurément le Londonien moyen trouve la présence de cette clinique indispensable pour se repérer sur la carte affichée sur l'écran son téléphone, et c'est un plus indéniable pour les touristes cherchant à visiter le meilleur du patrimoine.

Les utilisateurs de GMaps ne sont pas les seules à remarquer l'incoercible progression de la submerdsion. Même l'équipe de développement initiale est si choquée que ses membres dénoncent la souffrance morale liée à la vue du tas de fumier qu'est devenu le produit qu'ils avaient si ardemment édifié :

https://twitter.com/elizlaraki/status/1727351922254852182

Heureusement, en matière de serrurier, j'ai de la chance. Mon quartier de Burbank abrite l'excellent « Golden State Lock and Safe », fondé en 1942 :

https://www.goldenstatelock.com/

Mais quiconque chercherait un serrurier dans mon quartier sur GMaps l'ignorerait. Cette recherche débite une longue série de scams :

https://www.google.com/maps/search/locksmith/@34.1750451,-118.369948,14z/data=!3m1!4b1?entry=ttu

Il trouverait également d'innombrables machines Keyme — il s'agit de découpe clefs en self service placés dans les épiceries par des fonds de capital-investissement. Bien que Keyme se proclame serrurier, il ne s'agit que d'un système mal sécurisé, sur capitalisé, condamné à la submerdsion, pour collecter et conserver des empreintes des clefs de millions de foyers, jointes aux informations de paiement qui permettront à des hackers éventuels de reproduire massivement des doubles des clefs de tant d’infortunés pigeons.

(Avec beaucoup d'humour, Keyme se proclame une entreprise d'intelligence artificielle) :

https://www.businesswire.com/news/home/20200114005194/en/KeyMe-Raises-35-Million-to-Further-Its-Mission-of-Building-the-Premier-Locksmith-Services-Company-in-the-Nation

Quoique la devanture de Golden State soit littéralement visible sur Google Streetview, Google Maps prétend tout en ignorer. Plutôt, Streetview l'affuble d'une étiquette Keyme — et affiche la vignette d'un serrurier occupé à forcer une jeep (J'adorerais savoir comment le gadget d'à côté du distributeur de soda pourrait se diriger vers votre jeep et en déverrouiller la porte quand vos clefs sont perdues) :

https://www.google.com/maps/place/KeyMe+Locksmiths/@34.1752624,-118.3487531,3a,75y,350.19h,90.21t/data=!3m6!1e1!3m4!1ssHrtqjqvgFir3NBauMy13Q!2e0!7i16384!8i8192!4m15!1m8!3m7!1s0x80c2959cd65dbb1b:0x4b3744cf87492a71!2sBurbank+Blvd+%26+N+Hollywood+Way,+Burbank,+CA+91505!3b1!8m2!3d34.1750025!4d-118.3493484!16s%2Fg%2F11f37_3lq8!3m5!1s0x80c2951cedbf4d39:0xe8ff9fd5872e66e9!8m2!3d34.1755176!4d-118.349!16s%2Fg%2F11mw7nr4fx?entry=ttu

Ce dont il s'agit me semble évident. Keyme a recruté des cloporte du SEO, ou corrompu Google, pour inonder la zone des informations de ses machines. C'est ainsi que Golden State, n'étant qualifié que pour le travail de serrurier a perdu les guerres du SEO. Peut-être Golden State pourrait-il détourner un peu de ses moyens de la serrurerie pour s'améliorer en SEO, mais cette course sera toujours dominée par les firmes qui s'investissent corps et âmes en SEO, soit celles qui négligent le plus la qualité.

Invariablement, à chaque fois que j'écris sur ce sujet, les gens me demandent quel moteur de recherche employer pour contourner Google ?

C'est là que la bât blesse.

Google pratique la vente à perte et les fusions/acquisitions anticompétitives pour s'arroger 90% des parts de marché. La compagnie dépense plus de 26 milliards de dollars par an pour disposer de la place par défaut à tout endroit où vous pourrez jamais rencontrer un moteur de recherche. Cela crée une « kill zone » — en jargon du capital risque (ndt : soit un glacis en français), il s'agit d'opportunités entrepreneuriales où personne ne se risquera — car Google s'assure que nul jamais ne découvrira même qu'elles existent :

https://www.theverge.com/23802382/search-engine-google-neeva-android

Voici pourquoi la seule compétitrice un peu sérieuse pour Google est Bing, une succursale d'un autre géant de la tech (Bing est également la source principale de Duckduckgo, ce qui explique que ce dernier fasse quelques écarts pour des technologies de pistage invasive de Microsoft) :

https://en.wikipedia.org/wiki/DuckDuckGo#Controversies

Google prétend que le quiproquo du monopole de la recherche est l'excellence de celle-ci. Les centaines de milliards qu'il dépense chaque année pour soutenir son monopole lui donne la capacité de combattre les spammeurs et de maintenir la qualité des résultats de recherche. Quiconque s'y est intéressé récemment sait que c'est du pipeau : la qualité des recherches Google est en chute libre dans tous ses produits :

https://downloads.webis.de/publications/papers/bevendorff_2024a.pdf

Mais Google semble ignorer qu’elle a un problème. Plutôt que de dévouer toutes ses ressources à la lutte contre bots, spams et autres scams, l’an passé la compagnie a consumé 80 milliards de dollars en un rachat d’action aussitôt suivi du sacrifice de 12000 collaborateurs :

https://pluralistic.net/2024/02/21/im-feeling-unlucky/#not-up-to-the-task

Bien souvent les scams qui émanent des fêlures de Google sentent le souffre ; tout aussi fréquemment ils puent l’amateurisme, le genre de problème que Google pourrait régler en balançant de l’argent sur le problème, par exemple pour valider que les nouvelles pubs pour les vendeurs confirmés par Google viennent bien des adresses de courriel de ces derniers et pointent également vers leurs sites web enregistrés :

https://pluralistic.net/2023/02/24/passive-income/#swiss-cheese-security

La recherche est une activité nécessitant une grande quantité de capital, avec d’importantes économies d’échelle, comme le décrit l’excellente étude de l’autorité de la concurrence et des marchés des Royaumes-Unis :

https://assets.publishing.service.gov.uk/media/5fe4957c8fa8f56aeff87c12/Appendix_I_-search_quality_v.3_WEB.pdf

Pourtant Google ne semble pas imaginer que sa recherche aurait besoin de ces 80 milliards pour combattre les spams. C’est le problème des monopoles, ils deviennent suffisants. Comme le dit « Ernestine l’opératrice d’AT&T » de Lily Tomlin, « on s’en fout, ce n’est pas notre problème, nous sommes l’opérateur téléphonique. »

D’où mon impatience attentive vis-à-vis du dossier pour monopolisation du département antitrust du DOJ (Garde des sceaux des USA) contre Google. Confier à une seule organisation « de trier l'ensemble de l'information de la planète et de la rendre universellement accessible et utile » est un échec :

https://www.justice.gov/opa/pr/justice-department-sues-google-monopolizing-digital-advertising-technologies

Je comprends bien pourquoi chacun voudrait savoir quel moteur de recherche employer plutôt que Google, et je conçois tout aussi bien que « il n’existe aucun bon moteur de recherche » est une réponse parfaitement insatisfaisante. Je comprends pourquoi chaque nouvel épisode d’arnaque par les géants de l’impression déclenche le questionnement « quelle imprimante acheter ? » et je conçois tout aussi bien pourquoi « il y a six géants de l’impression tous en phase terminal de submerdsion » n’est vraiment pas ce que l’on voudrait entendre.

Nous voudrions pouvoir voter avec notre portefeuille, parce que c’est plus rapide et pratique que de voter avec des bulletins de vote. Mais l’élection par le portefeuille est biaisée en faveur des portefeuilles épais. Essayez tant que vous pouvez, impossible de s’acheter une sortie de monopole — C’est comme tenter de recycler sa trajectoire hors de l’urgence climatique. Les problèmes systémiques nécessitent des solutions systémiques et non individuelles.

Voici pourquoi l’antitrust renouvelé (NdT : C. Doctorow démontre à longueur de blog que l’administration Biden a ressuscité la lutte antitrust enterrée depuis l’ère Reagan) importe tant. La réponse aux monopoles est le démantèlement des compagnies, le blocage et l’annulation des fusions, la proscription des comportements trompeurs et malhonnêtes. « Consommateur d’alarmes » est la devise des scammers. Vous ne devriez pas avoir à être expert des scams de la lead-gens pour pouvoir trouver un serrurier sans vous faire dépouiller.

Les bons produits et services existent dans la vraie vie. Cette année nous avons décidé d’installer une serrure programmable. J’ai demandé à Deviant Ollam — que je connais du Village des Crocheteurs de la Defcon — et il a suggéré la Schlage FE595 :

https://www.schlage.com/en/home/products/FE595PLYFFFFLA.html

Je l’ai tellement appréciée que j’en ai achetée une autre pour mon bureau. Eric de chez Golden State Lock and Safe l’installe pendant que j’écris ces lignes. Génial. Je vous recommande les deux 5/5.

[*] En bas de page de l'article on trouve le texte suivant :

« This work – excluding any serialized fiction – is licensed under a Creative Commons Attribution 4.0 license. That means you can use it any way you like, including commercially, provided that you attribute it to me, Cory Doctorow, and include a link to pluralistic.net. »

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par ǝpɐןƃu∀ nǝıɥʇʇɐW-ǝɹɹǝıԀ

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